La crise des identités Claude Dubar Puf lien social
Présentation de l'éditeur
L'ouvrage dresse un bilan des changements intervenus dans la société française, depuis les années 1960, en matière de vie privée, de vie de travail et de croyances symboliques (religion, politique, etc.). Il les rattache à trois processus ayant connu, dans la dernière période, des développements significatifs : le processus d'émancipation des femmes, le processus de rationalisation économique et le processus de privatisation des croyances. Il en propose l'interprétation suivante : les formes antérieures d'identification des individus (culturelles, statutaires...) ont perdu leur légitimité et les formes nouvelles (réflexives, narratives...) ne sont pas encore pleinement constituées ni reconnues. Ce constat de crise est lié à une conjoncture économique, politique et symbolique particulière : globalisation des échanges et montée d'une nouvelle économie, remise en cause des Etats-nations et effondrement du communisme " réel ", diversification des formes de vie privée et de rapports entre les sexes. Cette conjoncture tend à exacerber les questions identitaires et à multiplier les crises existentielles. Ces difficultés à se définir soi-même et à définir les autres, à faire des projets et à les faire reconnaître, à mettre en mots les trajectoires personnelles et les histoires collectives s'expliquent par la traversée d'une phase critique de la dynamique des sociétés modernes, déjà bien repérée par Max Weber, il y a près d'un siècle : celle au cours de laquelle les identifications défensives, de type " communautaire ", bloquent l'émergence d'identifications constructives mais incertaines, de type " sociétaire ". Qu'il s'agisse des notions de " sujet apprenant " à l'école ou de " compétence " dans l'entreprise, de révélation amoureuse dans la vie privée ou d'engagement authentique dans la vie publique, ces nouveaux " modèles d'individualité " se heurtent à la montée de crises identitaires particulièrement aiguës.
Biographie de l'auteur
Claude Dubar est professeur émérite de sociologie à l'Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines, fondateur du laboratoire Printemps (Professions-Institutions-Temporalités) unité mixte de recherche 8085 du CNRS. Ses travaux portent sur les politiques et pratiques de formation continue, sur la sociologie des groupes professionnels, sur l'insertion des jeunes, la socialisation et les identités. Il a publié récemment La formation professionnelle continue, La Découverte, Repères, 5e éd. 2004, La socialisation. Construction des identités sociales et culturelles, A. Colin, 3e éd. 2000, Sociologie des professions, A. Colin, 2e éd. 2005 (avec P. Tripier), Analyser les entretiens biographiques, 2e éd. Presses de l'Université Laval, 2004 (avec D. Demazière), Faire de la sociologie, Belin, 2006. Il a été président de la Société Française de sociologie (devenue Association Française) de 1999 à 2001.