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Eric Stern Ethique et déontologie dans le champs de l'éducation et du travail social

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LE JUGEMENT OU UN PLAIDOYER POUR LA DUALITE

Eric Stern nous a quitté en Novembre 2008 Vous pouvez donc simplement découvrir ici les informations qu'il avait désiré mettre en ligne sur ses réflexions dans le domaines de l'éducation et de la philosophie.

De manière générale je réfléchi à partir du champ d’observation de ma pratique et recherche à partir de là les prémisses de ce qui pourrait devenir un conceptualisation dynamique du développement d’un point de vue éducatif

Intéressé par l’éthique la philosophie l’histoire la psychanalyse et l’herméneutique je suis passionné et en recherche constante autour de la relation sous toute ses formes.

Plus spécifiquement je cherche à créer  et à développer dans les équipes ou avec d’autres groupes d’adultes et d’enfants des espaces  relationnels conçu comme des matrices suffisamment  contenantes pour permettre l’expérimentation et l’apprentissage dialogique.

TRAVAIL de DIPLOME en ETHIQUE APPLIQUEE présenté par Eric Stern, Séminaire du Professeur J.-F. Malherbe

LE JUGEMENT OU UN PLAIDOYER POUR LA DUALITE

 

                                                                                                       « Penser c’est juger»

                                                                                                                   Emmanuel Kant

Introduction

Pour unifier le travail : Un organigramme comme concrétisation d’une vision de l’éducation spécialisée et le travail : Le travail en groupe avec des adolescents comme espace d’apprentissage dialogique, représentant, tous deux l’aboutissement d’une préoccupation d’éthique professionnelle ; je produis un travail d’intégration autour de l’usage du jugement comme activité spécifiquement humaine. Essayant par ce biais de faire saisir les inévitables retombées de cette compréhension du jugement dans le champ clinique de l’éducation spécialisée. J’ai conscience de présenter en me livrant à cet exercice une travail plus « intimiste ».

En effet le texte qui va suivre n’étant plus médiatisé par le paravent professionnel me dévoile plus profondément. Aux yeux du lecteur d’abord, mais aussi aux miens propres, puisque la construction du travail me pousse à manifester plus consciemment ce que je ne faisais que connaître, comme des miettes de savoirs disparates qui n’étaient pas misent en relation. L’exercice me pousse aussi à intégrer plus profondément la pensée d’autres, me forçant à l’assimilé par une re conceptualisation de leurs propos en vue d’une appropriation. 

De plus, le postulat que je développe ici est né aussi bien des observations et du questionnement de ma pratique éducative, directoriale que des aléas de ma vie tout cours. Au cours de ces années et dans cette nébuleuse de l’existence, à la liste desquelles l’exercice de la supervision et de la thérapie pourrait s’ajouter, j’ai été amené à constater combien la tension entre les notions de bien et de mal était omniprésente. Par le biais soit de mes activités professionnelles soit de mes expériences plus privées la dualité inscrivait, que je le veuille ou non, concrètement et durablement son empreinte dans mes activités et mes réflexions.
 

Précisions

Ma position de béotien, autodidacte en la matière, m’autorisant à ignorer le savoir académique me permet de redonner ici, des termes, une définition qui sert au plus près des idées que je voudrais essayer de penser.

Fort de l’autorisation que je m’octroie, je me permets de redéfinir la dualité dont il sera question, autrement que comme deux territoires séparés par une frontière infranchissable. Une telle vision relevant d’une représentation passablement utilisée jusqu'à nos jours depuis Platon, via Descartes n’entre pas dans mes vues. Pas plus, d’ailleurs, que je ne confonds, sous le terme de dualité et pour les mêmes raisons, les deux modes d’une même réalité, à la manière d’un Spinoza.

Quoi qu’en ce qui concerne la pensée de Spinoza, la chose mériterait d’être approfondie dans le sens où il parle bien de deux modes, perçu par nous, pour une réalité. Il reconnaît ainsi à mon sens la réalité de la dualité. Le parallèle avec la nature corpusculaire ou ondulatoire de la lumière  et tentant même, si dans le cas de la lumière, il est permis de supposer  que  des mesures scientifiques,  que nous savons faire, dépend la nature de ce qui apparaît.

Pour les modes de Spinoza il en va un peu de même si ce n’est que le bien et le mal, si ils sont liés, ne peuvent être à mon sens confondus comme une seule et même chose. C’est ce que pourrait laisser entendre l’idée que la dualité si je ne la situe que dans le regard de l’observateur. Or La dualité est plus que cela, elle est organisationnelle de notre manière humaine d’appréhender la réalité.Elle ne dépend pas des humeurs de l’un ou l’autre observateur. Elle nous réunis sous la marque première de la différenciation.

L’exemple des querelles autour de la nature du Christ aboutissant au rejet de la division nestorienne  aussi bien que du monophysisme et de l’arianisme nous prouve bien quelle place la dualité occupe dans notre être et  culture. Ce problème est apparu comme si important qu’après plusieurs conciles réunis autour de la question, le concile de Chalcédoine (451) affirme à la fois l’union parfaite et la distinction préservée dans la personne hypostatique de Jésus Christ. C’est je pense cette dualité qui pourra faire apparaître avec le Christianisme la notion de personne qui allie, à la fois l’individu grec et le citoyen romain, en y ajoutant par  la conscience d’être les deux à la fois  une dimension supplémentaire.

En ce qui me concerne la dualité dont je veux faire part ne se conçoit donc : ni comme un territoire, ni comme un mode mais comme deux extrêmes reliés, créant la tension. A la manière du bâton de Raymond Devos, qui quoi que l’on fasse présentera toujours deux bouts.

Pas séparée, mais différente quant à ses extrêmes, il n’y a ni discontinuité, ni rupture entre les pôles de la dualité telle que je la présente ici.

La dualité est tension me forçant, comme les autres, acteurs à devoir me situer constamment en fonction des polarités qui l’ont engendrées ou qu’elle engendre.

En plus de l’exemple du bâton de Devos, l’autre exemple que j’ai envie de présenter pour essayer d’être plus pointu au sujet de la dualité est celui du fameux anneau de Möbius. Voila une surface, qui ne présente qu’une seule face permettant si, on la suit du doigt de passer de l’intérieur à l’extérieur et qui, pourtant, si vous la prenez entre le pouce et l’indexe vous prouvera, que malgré l’inventivité de son créateur, elle a malgré tout bel et bien deux côtés. Deux côtés mais possibilité de passer de l’un a l’autre en suivant la même face voilà à la fois la complexité, née de la différence et de la continuité, ajoutez à cela l’insécabilité de l’espace entre les opposés et nous approcherons ma représentation de la dualité.

 

 

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On n’a pas tous les jours vingt ans…

En ce temps là j’avais dans les vingt ans, l’époque, je m’en souviens, n’était pas particulièrement propice pour aborder ce genre de question : les idées de morales, de culpabilité et de jugements étaient loin des esprits. La dualité était une chose ringarde qu’il fallait dépasser.

Soixante huit et son vent de liberté venait d’ouvrir des perspectives nouvelles.

Sur fond de conjoncture haute et de music pop, l’amour libre, le Che, Rousseau, Dolto, Marx, le haschich, les manifs, Krishna et la pilule faisaient craquer le carcan social et les dogmatismes de tout poils. Il était interdit d’interdire et permis d’espérer.

Pour le temps d’une génération et sous nos latitudes, le printemps avait commencé.

C’est drôle comme quelque chose peut être juste dans un moment et une époque et plus forcément dans la succession des années qui passent. Après le printemps vient l’été. Kairos et chronos ne sont pas à confondre, l’instituant et l’institué non plus.

Malgré tout, les humains restaient les humains, pour qui : « tout change parce que rien ne change » comme l’écrirait plus tard Jean-François Khan précisant :

 

« Ainsi apparaît il que la plus part des invariances reposent sur le socle de la bipolarité qui renvoie à l’opposition originelle entre l’univers des dieux et celui des démon ».

 (J.F.Khan, Tout change parce que rien ne change, Fayard 1994. P.62)

Même si ça devenait autrement, et tant mieux, c’est quand même la même chose qu’il fallait faire autrement et les dilemmes qui de tout temps avaient occupé l’histoire des hommes n’avaient, malgré la grande bouffée d’air frais pas disparu. L’invariance des tentions restait la même

Par exemple en ce qui me concernait, comme jeune professionnel, et qui concernait des millions d’autres avec moi c’était que, malgré tout, les adultes avaient toujours  la charge d’éduquer les  enfants.

Le bien et le mal ; même si rien n’était plus interdit, étaient toujours présents et l’amour libre, pas plus que la pédagogie libertaire n’avait réconcilié les hommes : ni avec eux mêmes, ni avec autrui ! Les possibles seuls s’étaient ouverts !

Le relativisme et la tolérance n’y faisaient rien, je trouvais malgré tout que le monde restait le monde et que, ma liberté augmentant, j’avais de plus en plus à me positionner à partir de moi-même. La dualité restait campée au centre de mon être et de la société. Elle me convoquait constamment à l’obligation de juger du bien et du mal à partir de mes valeurs, ou des siennes !

Pas si simple à concilier avec une époque au sein de laquelle, dans ma sphère professionnelle, réaction au passé oblige, le jugement et surtout le jugement de valeur était la chose la pire que l’on pouvait produire.Il faut dire que par jugement de valeur en entendait le plus souvent juger de la valeur de l’autre. Quand je parle ici de jugement de valeur je me rallie à la définition suivante :

 

« Tout jugement de valeur exprime un choix personnel, dont les sources sont nombreuses : expérience, éducation, choix rationnel, appartenance à une culture, un groupe ethnique, religieux, etc. Et pour qu’un choix soit authentiquement personnel,il faut que le sujet ait la plus claire conscience possible de ce qui justement lui vient de sa propre décision .»

(E.Fuchs, Comment faire pour bien faire,Labor et fides,Genève 1996,p.103)

En fait mon jugement de valeur s’il peut bien s’appliquer à la valeur d’une action ou d’une opinion relevant d’autrui s’attache premièrement à la valeur de mon propre jugement.    

 

 

Herméneutique

Jacques Lacan disait : « Notre souci n’est pas la vérité mais la réalité. ». De la même manière mon souci dans ce travail n’est pas la conséquence dans un sens judiciaire de mes jugements mais la réelle nécessité d’avoir premièrement parce qu’humainement parlant à me positionner.

Démêler le vrai du faux, l’enquête, le jugement, la justice rendue ; des hommes à ce jeu, comme Salomon  ou d’ autres, ont été et sont plus capable que moi.

Pour ce qui me concerne dans la réalité, ce qui est journellement mon souci, c’est plutôt cette grande affaire du bien et du mal.

Précisons d’emblée que le mal absolu ou le bien suprême, n’étant ni l’un ni l’autre à ma portée immédiate, me reste au plus intime de moi à avoir  à juger, au quotidien, du  bien et du mal, produit par moi ou d’autres, dans la subtile grisaille du journalier. Modestement en somme, je suis bien forcé d’admettre que le bien faire me préoccupe plus, quotidiennement et immédiatement, que faire le bien. Cette simple constatation si l’on considère combien, d’honnêtes gens, se sont en conscience appliqué à bien faire… le mal, donne à réfléchir et devrait nous engager à la plus grande circonspection en la matière. C’est pourquoi loin de tous fanatismes ou assoupissements complices je ne cherche pas à faire disparaître le mal mais à en causer, à bon escient, le moins possible.

Tout compte fait, et comme point de départ, la morale par provision de ce fidèle Descartes a du bon.

Reste que, comme beaucoup d’autre, je me donne un mal, pour bien faire ce n’est pas croyable…

La banalité de la chose pourrait paraître sans intérêts si elle n’était étroitement liée à une des caractéristiques les plus humaines qui soit, décider, des notions de bien ou de mal lier à la décision et ce non seulement en fonction de conséquences matérielles mais aussi et surtout en fonction de valeurs, de croyances ou de morale.

Morale, la morale plutôt encore une terme que le vent printanier de l’histoire semblait avoir balayé et la voilà qui, sous le couvert d’éthique, revient par le biais des chartes et engagements de toutes sortes, comme l’hirondelle aux beaux jours refaire son nid jusque sous le toit de nos organisation. Je doute pour ma part que cette forme de morale prescriptive autant que publicitaire, attirant le regard en affichant comme au néon ses valeurs, ne remplace la réflexion personnelle sur les valeurs pratiquées par chacun.

Décider, en dernier ressort, de la valeur attachée au bien et au mal appartient en propre au plus intime de ma personne, cela n’a rien à voir avec le respect concrêt d’une règle ou d’une loi.

Bien sur, les animaux aussi décident, mais du moment propice pour sauter sur la proie, ils apprécient plus qu’ils ne jugent en fonction d’une distance ou de paramètres qui me sont inconnus mais jamais ils ne se demandent si le fait d’attraper la proie est bien ou du mal.

Je ne connais aucuns de nos cousins les ours, pourtant des omnivores comme nous, qui par choix après une réflexion éthique délibératoire, de haute tenue, dans la profondeur de leur conscience aient décidé de s’abstenir de viande. Des humains si, simplement parce qu’ils jugeaient que c’était mal et pas prioritairement dans un sens diététique s’entend.

Seuls, dans toute la lignée animale, les humains semblent aux prises avec cette question du bien et du mal. Elle leur est propre, elle apparaît au sein de leur nature, ai-je envie de dire avec une force quasi pulsionnelle.

La morale ne serait-elle pas morte ? Y aurait-il une sorte de pulsion morale qu’il est impératif de satisfaire d’une manière ou d’une autre ?

Je ne parle pas ici de la morale, des livres bien pensant, qui disent déjà ce qu’il faut ou ne faut pas faire bien sûr. Pas de pré mâcher morale dans ce que je voudrais mettre en exergue non ! Plutôt une sorte d’appétence qui oblige à mordre à belles dents dans la question, comme nous avons envie parfois de mordre dans une belle pomme rouge mais n’anticipons pas… nous verrons cette question par la suite.

Pour l’instant en parlant de cette force, que je baptise un peu hâtivement du nom de pulsion morale, je voudrais indiquer simplement avec quelle intensité elle pousse à se situer comme si le questionnement éthique était en quelque sorte constitutif de mon être.

La distinction entre cette morale là et la morale de convenance c’est que cette « vraie » morale, parce qu’elle n’est pas faite d’obéissance mais de réflexion, se  moque en fait d’une morale prescriptive dont elle pourrait fort bien ce passer. J’indique par cette petite provocation qu’en dernier ressort la morale repose dans la profondeur des personnes qui se questionnent et la garde vivante et évolutive en non dans la rigidité des interdictions.

Je parle ici de interdictions pas des interdits ces derniers peu nombreux mais invariants dans une culture en tout cas représentent la Loi là ou les interdictions représentent les lois.

Pour ma part je crains trop les donneurs de sens pour me ranger dans leur camp je préfère de loin, suggérer à chacun, et emprunter pour moi-même la voie qui consiste à rechercher du sens.

En prônant tellement que l’on procède de la lignée animale issue elle-même de la matière uniquement (ce qui est très certainement juste par ailleurs) on occulte le fait que la dite matière à produit de l’esprit et que ce fait est à la fois, aussi naturel et incroyable que l’idée qui voulait que l’esprit ait produit la matière.

De la même manière que le vivant et constitué de « briques » non vivantes, que leurs relations rendent vivantes, la matière « non pensante » par les relations entre ses parties, à engendré la pensée et ce faisant lui a transmis une structure organisationnelle l’inclinant, chez les humains par exemple, à juger. On mange pour soi même pourquoi ne penserait-on pas par soi même !

J’avance qu’il existe pour tous les hommes un instinct les amenant à juger, en propre du bien et du mal, selon des critères et des finalités quelques peu différant mais selon une dynamique semblable. Je précise « en propre » pour différencier cet acte de l’économie faite dès l’or, que ma pensée endormie, ne fait que répéter les croyances ou les valeurs d’un groupe, sans les penser et en juger par elle-même.

J’ai constaté que ce postulat surprenait les quelques personnes auquel j’en ai fais part comme si cette affaire, tout a coup, ne procédait que de la culture. C’est oublié un peu vite que si tout vient de la matière et se résume à des échanges électo chimiques alors notre morale et notre culture aussi.

Car enfin cet instinct qui pousse sous toutes les latitudes les hommes à se reproduire pourquoi ne les pousserait-il pas, par les mêmes moyens, aussi à juger ?

Cette orientation à se positionner en fonction du bien et du mal est si ancrée en nous et partant dans notre culture, qu’elle est le sujet central du troisième chapitre, du mythique récit de la genèse.

Si l’un des textes fondateurs de nos cultures occidentales judéo-chrétiennes met ainsi en avant ce dilemme, c’est, est-on amené à penser, que les anciens en avaient compris toute l’importance.

Un petit exercice d’herméneutique philosophique devait nous permettre de visiter plus avant l’immense friche du bien et du mal qui accueille notre bivouac, pour le temps de la vie.

 

« Si penser c’est jugé, cela veut dire que la chose à comprendre ne se livre pas d’elle- même. Son sens n’est pas donné d’emblée. La chose à comprendre est en quelque sorte un signe dont il faut comprendre le sens. Comprendre un signe cela s’appelle interpréter. L’interprétation des signes s’appelle l’herméneutique.Si toute chose est un signe à interpréter alors penser est essentiellement un acte herméneutique.Apprendre à penser c’est donc apprendre l’approche herméneutique. »

(G.Voyer, L’Ethique Clinique, Cours ETA 720, Université de Sherbrooke, 2002, p.2)

Voilà pour une vision de l’herméneutique à laquelle j’adhère. Le seul petit bémol c’est que, pour moi, dans les questions qui me préoccupent ici, j’ai autant à comprendre le sens qu’à construire un sens. Il ne s’agit pas seulement de comprendre un sens caché qui me serait révélé, par ma persévérance ou une intervention divine, mais encore est  parallèlement faut-il  être constructeur du sens.

L’herméneutique qui m’intéresse, personne n’en sera étonné, est à la fois pratique et spéculative.

  Je ne sais si la méthode interprétative, qui ne consiste pour moi soit à différencier soit à faire des liens, a une valeur quelconque, reste que j’éprouve un sentiment de satisfaction à entreprendre cette démarche. Quand je disais que c’était plus intime…

Mais recueillons l’héritage et pénétrons plus avant.

 

 

Entête

Au commencement pourtant les choses étaient bien parties mais voilà, Dieu ne c’était pas plutôt affirmé comme le créateur, que nous entrons de plein pied dans le « drame ».

Ah ! L’inconsciente inconséquence de notre mère Eve. En voilà une bourde qui  a eu vite fait de nous rendre à jamais conscient du risque de l’inconséquence ne serait ce justement  qu’à cause de la toute première de ses  conséquences

IHVH Elhoîms dit : Voici, le glébeux est comme l’un de nous pour pénétrer le bien et le mal.

(A.Chouraqui, La bible traduite et commentée, Entête, Jean Claude Lattès 1992, Entête : 3.22)

Comme l’un de nous pour pénétrer le bien et le mal…

Comme on pénètre plus avant dans un mystère en somme. On avance et le mystère s’épaissi. Pénétrer comme connaître, ne veux pas dire savoir de manière définitive et encore moins trouver la réponse. Parce qu’en ce qui concerne le bien et le mal l’homme n’à pénétrer que la question. Entendons-nous bien, il ne s’agit pas juste de me situer entre le bien et mal en donnant une opinion de bon ton, du genre : « Moi, je suis contre la violence sous toutes ses formes ! » Mais de choisir ce qui représente un bien ou un mal dans mes actes par exemple

Quand je disais que j’avais à juger au quotidien du bien et du mal, c’était effectivement en jugeant, premièrement, dans ma vie si ce que je fais est bien ou mal.

Le jugement en situation relevant plus du disjonctif ou… que de l’appréciation générale à propos du conjonctif et… me force en quelque sorte à prendre position.

Le jugement à partir du disjonctif, tel que je le comprends est particulièrement périlleux, si je considère que le disjonctif ne précise pas uniquement un mode de rapport de la polarité, bien / mal. La disjonction oblige aussi à démêler à partir du fait que parfois le bien et le mal se confondent, bien souvent dans le fait que, reprenant l’exemple de l’anneau de Möbius, le bien devient le mal et réciproquement.

Les trois principes : d’identité, de contradiction et du tiers exclus, principes de la raison rationnelle ont beau en être tout révulser, le bien et le mal sont tellement : enchevêtré, intriqué dépendant et fusionnant que parfois la démarche rationnelle doit céder la place à l’approche raisonnable. Autrement dit à une connaissance technique du problème visant à trouver la solution doit se substituer une approche raisonnable de la situation qui cherche des réponses. 

Je vous jure il y des moments je me passerai bien d’avoir pénétrer cette connaissance là. Je dis des moments parce que cette affaire pour immémoriale qu’elle soit n’en est pas moins sans fin échappant constamment au définitif qui cherche à la régler une fois pour toute.

Si nos ancêtres avaient au moins goûter à l’arbre de vie nous aurions eu le temps de l’immortalité pour trouver, si ce n’est la, du moins une réponse un temps soi peut durable mais là le temps d’une vie ! Que voulez vous faire ? Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage polissez le sans cesse et le repolissez… 

Question de temps aussi l’affaire était (c’est le cas de le dire) mal partie. Mais pour nous en convaincre voyons plutôt la suite du verset.

 

….Maintenant qu’il ne lance pas la main, ne prenne aussi de l’arbre de vie, ne mange et vive en pérennité ! »

(A.Chouraqui, La bible traduite et commentée, Entête, Jean Claude Lattès 1992, Entête : 3.22)

Qui l’aurait dit une minute plus tôt, quelle belle harmonie ! Dieu parlait, l’homme obéissait. Il participait le bonhomme, nommait les animaux, mangeait des fruits du jardin, dormait à la commande, accueillait sa compagne. Un bon petit gars bien obéissant quoi !

Et voilà que l’homme, pardon une femme, Eve, la première vraie personne a pour la première fois agit son autonomie, elle à choisit qui elle voulait ou désirait croire. Elle a inauguré suite à un dialogue (le premier) l’ère du jugement.

IHVH Elohîms ordonne au glébeux pour dire : « De tout arbre du jardin, tu mangeras, tu mangeras, mais de l’arbre de la pénétration du bien et du mal, tu ne mangeras pas, oui, du jour où tu en mangeras, tu mourras, tu mourras. »

(A.Chouraqui, La bible traduite et commentée, Entête, Jean Claude Lattès 1992, Entête : 2,16)

Remarquons au passage que Dieu, comme toute personne en charge d’éducation, s’occupe de régler les échanges entre ses pupilles et l’extérieur, confirmant que l’éducation c’est bien, vulgairement dit : « S’occuper de ce qui rentre et de ce qui sort,que ce soit des aliments ou des paroles. »

 

Le serpent dit à la femme :

« Non ; vous ne mourrez pas, vous ne mourrez pas,

Car Elôhims sait que du jour où vous mangerez vos yeux se dessilleront et vous serez comme Elôhims pénétrant le bien et le mal ».

(A.Chouraqui, La bible traduite et commentée, Entête, Jean Claude Lattès 1992, Entête : 3,5)

Je ne sais si Eve connaissait ou pas les principes trois principes : chère à la rationalité que nous évoquions toute à l’heure. En tous les cas elle expérimentait via la réprobation divine les conséquences affirmant que (pour cette fois en tout cas) il n’y avait vraiment pas de milieu entre le vrai et le faux. La mort avait belle et bien fait son entrée en piste.

L’un des deux avait menti, nous payons depuis assez longtemps pour savoir lequel mais poursuivre sur cette piste nous emmènerait à continué dans ce domaine du vrai et du faux relevant du judiciaire qui venait lui aussi, par le biais de la punition, de faire son apparition.

Pour un autre côté, celui qui m’intéresse ic,i le serpent avait dit vrai ; les yeux des humains c’était ouvert. Les voilà capables de pénétrer le bien et le mal, capable aussi de se découvrir nu, sujet au désir de se pénétrer l’un l’autre.

Sexualité, désir, morale la relation était en bonne voie ; quand je disais que ce n’était pas toujours simple et que parfois, le bien devient le mal…et réciproquement bien sûr !

Pour une première c’était réussi, un vrai coup de maître ! Malheureusement, malgré une croyance répandue s’occuper beaucoup de petites choses (comme du jardinage d’agrément dans le cas de nos futurs tourtereaux) ne prépare pas forcément à s’occuper même un peu des grandes.

Dès le début cette affaire du bien et du mal, c’était trop pour nous, des siècles plus tard nous n’en sommes pas encore remis.

De là a penser que la tentative d’autonomie d’Eve c’est faite un peu précocement il n’y à qu’un pas mais ne dit on pas que les filles sont plus vite mures que les garçons ?

A la décharge d’Eve relevons tout de même qu’elle innovait et même, qu’elle inventait en la matière.

Le questionnement qui me vient à l’esprit, bien sûr, consiste à me demander comment il se fait qu’Eve ait eu ce besoin de juger par elle-même. Qui disait ou non la vérité Dieu ou le serpent ? Et peut être plus important encore qui avait-elle envie de croire ?

Voyons, n’est ce pas Leibniz qui nous enseigne que : « Rien n’arrive sans qu’il y ait une raison déterminante ».

Dans ce cas Eve n’a jugé que parce que c’était dans sa nature de juger, de choisir entre deux possibles à partir du mélange de ses affectes et de sa raison. C’était pas sa faute elle était comme ça n’empêche que sa faute ou pas c’est quand même devenu notre responsabilité.Voilà une leçon qui nous indique à quel point notre chère indépendance est dépendante, que nous le voulions ou non, de l’interdépendance qui nous relie les uns aux autres.

Imaginons maintenant qu’Eve ait choisi Dieu comme disant vrai, la conséquence punitive de l’affaire nous aurait certes été épargnée mais pas le constat ontologique ! Elle aurait tout autant produit le premier jugement humain de l’histoire exprimant par cette action en quelque sorte, la phylogenèse de son espèce.

Nous apprenons, peut-être, par-là que le fait de juger est primordial à l’humain pour se construire, tout aussi important que le fait d’obéir. Si tel n’avait pas été le cas Eve n’aurait même pas discuté le sujet avec son interlocuteur, tout ovipare qu’il fût.

S’il en est ainsi, quand bien même une interdiction vient du créateur en personne, les parents devraient penser, et à travers eu les éducateurs de tous poils, à favoriser d’autant plus cet invariant, héritage quasi ontogénétique, qui nous pousse sans cesse à nous situer par nos choix.

On peut aussi percevoir ici ce qu’il advient de ceux qui se cache derrière l’excuses d’avoir obéis aux ordres venu d’en haut.

L’obéissance dont avait fait preuve Adam en ne pipant jamais le mot devant Dieu ne nous avait pas permis de nous préparer, Dieu y compris, au processus d’autonomie.

En fait Adam prolongement de Dieu apparaît comme une sorte de lieutenant, pour ne pas dire sergent major, qui ne répondra que quand sa hiérarchie l’accusera. Il se défendra d’ailleurs en faisant porter à son tour la faute à la future subalterne, Eve en l’occurrence. Il semble bien que ce genre d’histoire se soient perpétuées jusqu'à aujourd’hui, non ?

Dieu, de son côté, découvrait qu’il ne suffit pas d’avoir l’autorité encore faut-il faire autorité, en tout cas en matière de dialogue argumentatif et explicatif. La preuve paraissait faite que l’argument de l’autorité, aurait petit à petit à faire place à l’autorité de l’argument si par la suite on désirait avoir des rapports moins tendu.

Ceci dit, et comme je pense que nous allons avoir à y revenir plus tard, le moment me semble venu, pour préparer la suite, et avant d’aller plus avant, de revenir en arrière. Il ne s’agit pas d’un paradoxe il faut parfois aller voir avant pour aller de l’avant tel est le cas ici qui nous insiste, origine oblige, à aller voir avant et même auparavant.

Car enfin ce n’est pas banal cet arbre de vie et cet arbre du bien et du mal planter au milieu de ce jardin, pourquoi pas celui du beau et du laid, de la vérité et du mensonge ou des trois dimensions sans parler de l’arbuste de la complexité Ce Dieu que les chrétien implore, à sa demande, de ne pas les induire en tentation n’aurait-il pas été, au début des temps en tout cas, un rien provocateur ?

Pour oser une amorce de réponse, je suis obliger de m’avancer plus loin et plus hardiment dans mon exercice interprétatif. 

Je me vois même dans l’obligation de dévoiler mes vues les plus personnelles, concernant la création, pas uniquement de l’homme, des cieux ou de la terre mais de notre univers.

Enfin quand je dis personnelle il faut s’entendre sur le terme. Il serait plus précis de dire qu’elles me sont devenues personnelles par une trituration imaginativo réflexive s’étendant sur des années.

Dès lors qu’il est nécessaire dans ce récit de passer premièrement par mon petit départ, à moi je ne peux que faire écho à Jacques Brel : « Chez ces gens là on ne pense pas, on ne pense pas, monsieur, on prie. ».

Pas que ces gens là aient été bêtes, pas plus d’ailleurs dans ma famille que dans mon milieu ! Pas du tout, seulement je ne peux pas dire qu’ils pensaient au sens ou je l’entends ! Ils réfléchissaient, ils inventaient.

Leur dur univers d’ouvriers jurassiens les confrontait à répondre au « comment » plutôt qu’à se demander « pourquoi ».

Un de mes arrière grand père à d’ailleurs gagner une médaille de bronze a l’exposition universelle de Paris en mille neuf cent. Il avait inventé la mécanique qui permettait aux rouleaux de boites à musique de se changer automatiquement. Il a eu la médaille et son employeur les bénéfices.

Au départ donc, c’était dans l’ordre des choses Dieu régnait sur le monde, l’autorité venait de Dieu et ne se discutait pas. On approfondissait certes la connaissance de Dieu, on lisait beaucoup mais on ne remettait pas en cause, sauf pour la mécanique, domaine où l’on pouvait innover, le reste paraissait immuable.    

Pour ce qui me concerne la trace de mes démêlées avec la pensée remonte au temps de mon enfance alors que j’absorbais sans le savoir une représentation du monde qui, je ne sais pourquoi, m’acculait à me poser des questions.

Le fond de commerce de mon éducation  a été une vision protestante, calviniste, populaire. J’ai grandi nourri d’histoire biblique et certains personnages issus du Saint Livre avaient, en quelque sorte, leur place à table. Depuis cette époque la « théologie » familiale que j’ai absorbée a évolué jusqu’à devenir ma mythologie référentielle. Tout en continuant une évolution s’apparentant plus à une certaine philosophie qu’a de la spiritualité je pense qu’elle le restera.

C’est d’ailleurs la seule que je connaisse suffisamment pour qu’elle me permette de l’approfondir. Que voulez vous je l’ai tétée avec le lait de ma mère et bue avec les histoires de mes grands mère.

C’est de là que je proviens et par là que je deviens. 

Évidement, dans ce travail, il ne s’agit pas pour moi de me lancer dans une brillante exégèse, prouesse dont je me sens bien incapable et qui ne présenterait à mes yeux que peu d’intérêt, aux vues de la finalité que j’attribue à l’exercice.

Ceci dit je précise que la mythologie à laquelle je me réfère ne représente qu’un contenant, permettant de tenir ensemble par le biais de l’imaginaire, des idées disparates cherchant à produire une sens. Sens dont j’ai besoin à plus ou moins long terme pour continuer à penser.

En aucun cas elle ne relève d’une croyance religieuse quelconque. Il est ici question de faire appel aux symboles et aux analogies qui relient au-delà du temps. L’appartenance à la culture chrétienne ne dit rien encore de l’adhésion au christianisme en tant que religion.

Loin de moi l’idée de mélanger gaillardement : Dieu, les atomes, l’évolution, Adam et Eve ainsi que nos ancêtres de Cro-Magnon ou de Neandertal dans une pseudo spiritualité, cette démarche se veut, à mon niveau essentiellement prospective.

Elle constitue un vrai jeux d’assemblage se servant du mythe pour condensé et étayer la pensée. En quelque sorte je ne fais que perpétrer une tradition qui se sert des mythes intériorisés pour avancer dans une démarche personnelle.  

Mon champ reste du domaine de la prospection. Il se différentie de la recherche en vue d’affirmer ou d’infirmer quoi que ce soit sur des bases scientifiques.

J’emprunte, sciemment, la voie de l’interprétation des mythes recherchant des probables, des possibles et pas des preuves. Pas que je considère les mythes comme probables ou possibles en tant que faits, mais dans le sens où je postule que les dilemmes ou les enjeux qu’ils mettent en scènes sont représentatifs de ce qui de tout temps à inviter les hommes à s’humaniser.

Telle est ma croyance de départ, tel est l’a priori à partir duquel je développe mon cercle herméneutique !

 

 

 

Il était une fois Dieu

De mémoire de personne, qui auriez-vous voulu qui fut là, Dieu est !

Il est tellement qu’il est, pour moi, d’une manière inimaginable. Il faut pourtant bien que par mes mots il existe en tant que sujet, un tant soit peu discernable, si je veux en dire quelque chose. C’est sans doute pour cela que le Dieu qui a créé l’univers par la parole me laisse à mon tour le créer à mon niveau avec mes mots. S’il veut être connu lui l’inconnaissable il faut bien que je l’identifie.

Là, déjà, la difficulté survient ! Au moment où je veux avancer quelque chose de l’identité de Dieu voilà que je suis renvoyé à mon identité.

Qu’est-ce que ce « je » qui qualifie l’autre ? Sur quoi repose-t-il ? Je ne sais le dire, cette condensation identitaire, cet en soi, dernier, qui pourtant est moi, reste insaisissable ! Il est un vide indicible autour duquel je tourne pour le chercher ! « Je » serais donc du vide ? Mais voilà qui nous entraînerait au cœur d’une autre réflexion, sans aller très avant remarquons quand même que je n’appréhendes « je » que par la conscience que j’en ai, en décalage, comme un spectateur ou dans le dialogue comme un interlocuteur. « Je » m’est toujours un vis-à-vis « je » ne serait-il que la relation qui lie malgré le vide et la séparation les parties. Voyant l’ampleur qu pourrait prendre l’affaire j’arrêterai là et momentanément mes spéculations identitaires concernant cet aspect de la question.

Pour ce qui est du reste le je pronominal, si pratique pour m’exprimer et me définir en globalité ne recouvre pas la réalité que j’éprouve en tant qu’humain quand je me réfère au « je » identitaire. Faute de pouvoir commencé par dire ce qu’est « je » je peux commencer par dire ce qu’il n’est pas. Pourquoi en fait ne réserverait on une définition apophatique de sa personne qu’a Dieu ?

Le « je » que j’essaye de concevoir est aussi énigmatique. Tout autant improbable et à la fois certain que Dieu, du moins dans l’éprouver et la pensée, il mérite aussi ce genre de sollicitude qui consiste à parer de définitions faite de dépouillement un vide propice à l’espoir.

Pour le temps de la vie « je » n’est ni mon corps, ni mon âme, pour autant qu’il y en ait une. Que ce « je » d’ailleurs provienne de l’un ou l’autre de ces constituants ou leur soi préexistant, ne me pose pas de problèmes en tant que tel, reste que, de la même manière que je proviens de mes, père et mère, mais ne suis pas eux il en va de même pour « je ». Il provient peut-être de… mais ne peut être confondu avec.

De même si « je » proviens d’une volonté supérieure, il n’est plus, pour la subjectivité de mes perceptions, ni en tant qu’éprouvé ni en tant qu’expérience partie de la supériorité dont il provient.

Dans tous les cas, ce que je veux relever c’est que ce qui a été, soit créé, soit institué par l’apparition de ce « je» insaisissable, même par lui-même, c’est une différenciation définitive et irréductible de « je » d’avec tout le reste. Mes composants physiques, mes idées tous mes constituants pourrons être recyclé mais pas « je ».

« Je » est unique, immuable, absolu, hors du temps et éternel - en tout cas pour le temps de mon existence.

Que Dieu ait ou pas mis dans mon cœur la pensée de l’éternité, en tout cas elle y est m’amenant à me croire immortel alors même que je sais ma finitude inéluctable.

C’est ce « je » qui se servant du potentiel à sa disposition s’exprime ici, d’une certaine manière d’égal à égal, afin de créer le Dieu de ses besoins.

C’est ce « je » là qui au-delà des apparences divine et humaine cherche à rencontrer le « JE » divin. Le peut-il ? Je ne le sais ? En tout cas l’aspiration existe de me positionner, en traversant les représentations constitutives des relations humaines, face au Dieu que ma culture m’a légué.

Le Dieu qui est à la fois, au-dessus, autour, au-dedans et autre, m’interpelle assez pour qu’à mon tour je le crée à mon image.

Je m’aperçois que ce n’est pas si simple, appartenance à un environnement et à un passé oblige, d’écrire librement sur le sujet. Le passage d’une culpabilité fautive héritage de la soumission craintive, au sentiment de culpabilité intérieur non pathologique, instigateur d’une éthique personnel n’est pas si facile.

Ce constat fait et comme de toutes les façons quoi que j’écrive c’est, permettez-moi le clin d’œil les lecteurs qui ne pouvant faire autrement jugeront pour eux même, j’assume en tant que « je » les pensées développées dans ces lignes. A mon tour comme tant d’autres avant moi, je m’approprie le fait divin et le campe à ma mesure.

Alors « je » dis : « Dieu est de toute éternité » et Il devint « étant », de toute éternité.

Alors  « je» dis : « Dieu est Un, plus il est le Un, l’unique Un » et Il le devient.

Alors « je » dis : « Il remplit tout et conséquemment tout est lui » et Il remplit tout et tout est lui.

Alors « je » dis : « Dieu est sans parties donc sans vide » et Il devient sans parties et sans vide

Alors « je » dis : « Hors de Lui forcément rien n’existe » et hors Lui rien n’existe.

Voilà comme je m’imagine l’inimaginable Dieu …Voilà comment je recrée Dieu selon mon image mais non à ma ressemblance... Avant !

Parce que s’il était ainsi c’était avant, avant qu’il ne crée l’univers et qu’il invente le temps.

Et à cause même de la nature, que je lui prête en le décrivant, Dieu pour crée ne peut que commencer par faire de la place en se retirant.

La première création de Dieu fut le vide, obtenu par retrait de sa présence, qui pour immatérielle qu’elle eusse pu être n’en occupait pas moins tout ce qu’elle était seule à être.

En fait Dieu, et c’est là son génie à créer –rien- mais du vrai rien, du rien de rien. Un rien d’où il va tout tirer. C’est la fameuse création ex nihilo dont il est question ici.

Nous voilà donc avec du rien et Dieu autour, hé oui ! Dieu autour. Entourant obligatoirement le rien auquel il avait fait place entourant en fait sa propre absence, du non Dieu en somme !

Alors me dira t’on ? Alors Dieu c’est retrouver avec deux nouvelles choses : du vide et sa conséquence de l’espace. Ces deux choses, excusez moi si je parais iconoclaste, il ne les connaissait pas. Comment aurait-il connu l’absence de lui-même il était tout partout sans fin et pour la même raison comment aurait-il eu conscience de l’espace ? En plus ce rien, qui il venant d’inventer, imposait ipso facto ce qui deviendra un invariant fondamental et fondateur, la dualité et tout ce qui va avec, mais patience nous y viendrons.

Si Dieu avait connu ces choses avant qu’elles ne fussent crées, cela aurait signifié que Dieu tirait   sa création de lui-même, de sa substance même, comme une sorte d’accouchement de ce qu’il contenait déjà ! Simplement si j’ose dire. A la manière dont le décriront magistralement certaines traditions. La création par émanation, une création ex Deo quoi !

Une pseudo création sans risque qui ne surprend pas le créateur quand au résultat, une création convenue en quelque sorte. Une création de commande et de bonne facture n’amenant rein de nouveau sous le soleil.

Pire si Dieu à la manière des dieux de l’Egypte, qui selon la formule s’engendraient eux même, avait créer à partir de lui aurait-il pu crée autre chose que lui ?

Pour sur il n’y aurait pas eu de dualité, ni rien d’apparent : « Dieu plus encore du Dieu» bravo pour la diversité !

Tandis que là pardon c’est autre chose, Dieu en véritable artiste, c’est surpris lui-même, je ne sais si dire que son œuvre a dépassé ses espérances est ici de bons alois, mais en tout cas le résultat semble bien avoir étonner l’artiste. C’est qu’il a pris des risques, lui qui était tout de ne plus être justement tout, permettant ainsi qu’advienne pour lui de l’inconnu. Si, hors vision habituelle que l’on en a, je propose comme il l’a fait. Dieu en créant du « non Dieu » a inventé la dualité qu’il ne connaissait ni par expérience, ni par avance.  Pour ma part, c’est cela que je comprends du texte.

A ce sujet pensons à cette histoire d’arbres par exemple ! Qu’elle idée de les planter là, bien visibles et d’attirer encore l’attention sur l’un d’ente eux. Tout spécialement le plus dangereux, avec ces humains qui n’avait, manque d’expérience oblige aucune idée de ce que pouvait être le bien ou le mal, pas plus d’ailleurs que la vérité ou le mensonge.

Quel éducateur commettrait une erreur pareille, mettre sous le nez d’enfants immatures de objets dangereux pour ensuite tourner le dos ? Aucuns, à moins de vouloir que l’expérience serve de leçon salutaire aux garnements désobéissants la désobéissance portant en elle-même le goût de l’amertume. Manifestement si Dieu avait pressentit que la nature humaine, à laquelle il avait permis d’advenir telle qu’elle est, nous inclinerait viscéralement à choisir (sinon pourquoi nous avoir mis en garde) il présupposait à tord que notre attachement à sa personne pas le biais de l’obéissance filiale nous pousserait à le croire lui !

Comme préciser précédemment si la création c’était opéré ex Deo, Dieu n’aurait créé que lui-même ou des parties de lui-même et par conséquent la possibilité et la nécessité de jugement aurait été inexistante.

Dans l’optique d’une création ex nihilo ce n’est pas la faculté de jugement qui est condamnée en tant que tel mais bien son résultat, en fait, choisir de croire le serpent plutôt que Dieu. C’était pour ce dernier, choisir la désobéissance. Le mal aux yeux de Dieu semble bien avoir été la préférence qu’Eve à porter au tentateur plutôt qu’au créateur.  Avec les enfants que voulez vous rien n’est simple.

Et puis l’Eternel, dans ce temps là, ne devenait-il pas déjà le Dieu jaloux qui se révélera plus tard à Moïse ?

Dieu jaloux ? Sa création entraînait-elle Dieu dans le domaine, pour lui inconnu, du sentiment ? C’est que l’amour et le désir apportent aussi avec eux ce genre de sensation désagréable. Et il semble que notre créateur, à fréquenter sa création et ses créatures n’ait pas été épargné.

Je rends attentif par ailleurs au fait, que le fameux arbre portait et apportait la connaissance du bien et du mal. Pas le bien seul ni le mal seul, mais la connaissance des deux, réunis quoi que différent, inséparable et faisant la paire. Quoi de plus normal, que pouvait il advenir à partir de rien, face à un Dieu qui était tout, que de la dualité et de la tension. Le « non Dieu » était devenu non seulement le contraire de Dieu mais sont opposé ! Si un début existe au manichéisme il se situe à ce moment précis !

Héraclite, plus tard, en plus de son idée du devenir aura cette intuition géniale que « rien ne peut être pensé sans son contraire » et que dans ce sens,  le conflit  en tant qu’affrontement  constant des contraires et défini comme le père de toutes choses.

La manifestation de cette tension n’était-elle pas déjà présente dès le début du travail de distinction opérer par Dieu tout au long de la création : le jour et la nuit, la lumière et les ténèbres, le ciel et la terre, le sec et l’humide, le haut et le bas, le masculin et le féminin, cet arbre proclamait la dualité inhérente à la création et à toute connaissance. L’arbre de la connaissance du bien et du mal potentialise les conséquences de la création, il en est le point d’orgue. Il apparaît juste avant la création d’Eve qui sort Adam de son hermaphrodisme.  Adam devient Ish et Isha.

L’humain ne possède plus le masculin et le féminin mais devient distinctivement sexué, mâle et femelle.

Avez-vous remarqué à ce sujet, combien malgré tout notre savoir, nous sommes déboussolés et empruntés quand, mis en présence d’un nourrisson nous ne savons pas distinguer cette polarité fondamentale entre le féminin et le masculin ? Où va se nicher la dualité je vous demande un peu …

Je connais peu d’humains, sauf peut être des sages qui aient tellement transcendé et dépassé cet aspect  au moins de la dualité pour  que la question du genre, comme on dit de nos jours,les  laisse indifférents. 

L’arbre qui, lui gardait dans ses branches la dualité,  ne donnait pas simplement un attribut fini autant que définitif du même genre que l’arbre de vie, il proposait bien autre chose ; à partir de lui plus rien ne se contenterait d’être, l’ère du devenir commençait.

Quelle douche froide pour tout le monde serpent y compris : Doute, déception, désobéissance, punition ; les relations que tous nous étions entrain d’apprendre ne se laissait pas facilement apprivoiser. Parce que comprendre que le conflit et même la violence sont une forme de la relation et qu’il faut composer avec, peut prendre quelques millénaires il nous faut être indulgent avec les protagonistes de ce drame inaugurant de l’histoire des hommes et fondateur de leur humanité. 

Dieu n’existait plus tout seul, c’est la relation dorénavant, pour Lui aussi, qui hors de Lui tenait les choses et les être à la fois ensemble et séparer.

La bonne distance, parfaitement trouvée techniquement, en ce qui concernait par exemple les corps célestes, n’était pas aussi simple dès qu’il s’agissait des corps vivant.

C’est que la science mathématique si précieuse pour régler les rapports entre les premiers n’est que de peu d’utiliser pour ajuster les échanges entre les seconds. Là aussi le grand architecte de l’univers s’initiait, en payant en quelque sorte de sa personne, il constatait que les désirs et les sentiments ne relevaient pas de cette science mathématique, qu’il semblait particulièrement affectionner.

Mais si les calculs et la politique construisent aussi l’avenir, c’est l’éducation seule qui prépare les hommes à l’avenir. Ce n’est pas pareil, les démarche n’ont rien à voir.

Notre Dieu débutant, en bon gestionnaire, préparait notre avenir alors qu’il aurait dû, en bon éducateur, nous préparer à l’avenir pas nous apprendre, seulement dans le sens de nous enseigner, mais nous permettre d’apprendre.

Il faut croire que l’on ne passe pas comme cela, de l’éternité de l’instant à l’écoulement du temps pas plus que de la solitude à la relation, en un claquement de doigt, fut-il un claquement divin.

Dieu était tout, partout ce qui ne veut pas dire qu’il savait tout.

Un, d’accord mais dans un en soi clos sur son infini. Il était tout ce qu’il était. Ne le dit- il pas lui-même. « Je suis celui qui est » ? En fait, il est possible pour atteindre une représentation de Dieu dans son état d’avant la création juste avant son explosion créative, de le de comparer à une sorte de trou noir infini, rempli de sa propre présence effondrée sur elle-même, sans place pour rien d’autre que Lui.

S’il avait tout su, tout prévu, tout connu de ce qui n’était pas lui, alors encore une fois il n’aurait rien créer. Tout au plus aurait-il organisé, j’accorde à mon image de Dieu une autre envergure.

Le fait même qu’il imagine de faire de la place à autre chose que Lui, démontre qu’il est prêt à prendre des risques, à se confronter à l’inconnu et ce faisant à découvrir avec nous la dualité.

Voilà le Dieu que je suis fière d’entendre dire qu’il m’a fait à son image. C’est avec respect donc qu’à la suite de Voltaire j’affirme le lui avoir bien rendu.

Le Un à créer hors de lui un autre possible contenu dans la démultiplication infinie du deux, le plein à fit place au le vide vecteur de relation.

N’est-il pas amusant de constater à ce sujet que par la suite c’est la dualité, cherchant l’unité, qui se confondra l’espace d’un instant pour créer un autre individu :

 « Sur quoi l’homme abandonne son père et sa mère : il colle à sa femme et ils sont une seule chair. »

(A.Chouraqui, La bible traduite et commentée, Entête, Jean Claude Lattès 1992, Entête : 2.23)

Les deux dans ce cas cherchent par leur union à crée le un, là où tout au plus, et pour un moment ils crée de l’unité. Depuis ce moment, mythique, de notre histoire la charge revient à relation qui est évolutive et imprévisible, de rechercher l’unité la où règne l’émiettement différencier en lieu et place du Un.

La recherche de l’unité, issue de la différence du deux, est en somme un facteur d’évolution ; le Un lui est facteur de permanence et de stabilité.

Seulement la relation entre les parties, la relation qui traverse le vide entre les vivants, la relation facteur de cette unité n’est pas scientifiquement prévisible.

« Il est également très important pour nous de prendre conscience du fait que nous ne gouvernons pas nos vies, nous ne prenons nos décisions, nous n’atteignons nos buts dans la vie quotidienne ni au moyen de calculs statistiques, ni par des méthodes scientifiques. Nous vivons sur des hypothèses. Vous ne savez pas, vous ne pouvez pas poser de façon scientifique que je n’ai pas l’intention de voler votre argent ou vos petites cuillères. Mais par hypothèse, je n’en ai pas l’intention et vous me traiter en inviter. »

(La mise en scène de la vie quotidienne, 1La présentation de soi, Ervin Goffman, Edition de Minuit 1973, p.13)

Il n’est pas à mes yeux iconoclaste d’avancer l’idée que, si Dieu de toute éternité était : omnipotent, omniprésent, omniscient en ce qui le concernait lui, c’est à dire tout, en créant l’univers il renonce à un part de ses pouvoirs afin d’entrer en relation. Sa toute puissance n’avait valeur qu’en Lui, là où Il n’en avait pas besoin, en fait, étant déjà l’en Soi absolu.

Dès le premier moment de différenciation, c’est peut-être en cela qu’il est Dieu, Il renonce à son pouvoir total, ce pouvoir se limitant en somme à créer ou à détruire mais ce pouvoir impuissant à forcer la relation, pour rechercher le « pouvoir » qu’institue le lien.

A partir de ce désir, Dieu aussi pour être en relation avec nous fait des hypothèses et procède par essais et erreurs, la différence c’est qu’Il a, plus que nous, le temps de vérifier le bien fondé de ses options.

Ce qui est fascinant c’est que ce Dieu si fort comme Un, juge qu’il est préférable de changer cet état de fait. D’une certaine manière Dieu en créant s’affaibli, il se met au péril de la différence, pourquoi ? Mystère !

L’important c’est que même dans l’état de Un, il juge et décide et que sa décision influence prodigieusement la suite des événements, plus, elle inaugure la suite. 

En cela les humains ont rejoint Dieu pour ce qui est de l’espace de notre système planétaire en tout cas, ils lui sont de ce point de vue pareil.

Ils jugent et leurs jugements, si infimes semblent-ils être, n’en sont pas moins porteurs de la grande question du bien et du mal.

En plus, de la somme de ces jugements, une fois ces derniers additionnés voir multipliés, dépend des évènements qui modèlent la société et partant peuvent avoir une portée incalculable.

 

 

Mâat

La tradition judéo-chrétienne n’est bien sûr pas la seule à garder trace de l’idée de jugement sous diverses formes qui, souvent, se référent à la notion de justice et de loi. D’autres sociétés ont marqué leur intérêt pour cette affaire du bien et du mal. Souvent elles ont mis en exergue la nécessité qu’il y a à se situer entre le bien et le mal, ses inséparables frères ennemis.

A ce sujet les représentations de la psychostasie chère à l’Égypte ancienne sont à ma connaissance les plus vieilles représentations qui nous soit parvenues de scènes de jugements.

Le cœur du défunt, posée sur un des plateaux de la balance face à la Mâat nous renvoie à une idée première de pesée.

Mais ces représentations nous indiquent à mon sens deux autres choses essentielles : premièrement qu’en dernier ressort le jugement est binaire, quelle que soit la démarche arrive un moment ou la pesée se fait entre deux termes.

Il suffit d’ailleurs d’ouvrir un dictionnaire de philosophie pour y découvrit à la rubrique jugement :

 

« Faculté de discerné le vrai du faux et le juste de l’injuste »

Est ce bien raisonnable de simplifier de la sorte ? Et bien je vais voir à raison :

 «Au sens large, simple « bon sens », faculté de bien juger, ou de discerné le vrai du faux, le bien du mal : c’est dans ce sens qu l’on peut perdre la raison.

(Grand Dictionnaire de la Philosophie, Larousse, Paris, 2003)

Deuxièmement c’est que dans cette sorte de jugement, il y justement pesée. Prosaïquement parlant : « ça se discute » très sérieusement sans doute mais le fait est là, la question n’est pas tranchée par avance le oui/non sous tend le oui mais… et le non si… qui sont affirmation et négation mais en tension.

Les plateaux de la balance peuvent mettre plus ou moins de temps à se stabiliser, ils hésitent avant que de se fixer et même, s’ils se décalaient d’un coup, on pourrait encore discuter de la fiabilité de ce qui était en présence sur les plateaux.

De toutes les façons aussi juste que je sois, je ne peux faire plus que d’équilibrer les plateaux. Du moins c’est ce que je croyais avant de m’intéresser à la mythologie égyptienne qui, par la vision que je partagerais dans quelques lignes, m’a ouvert un espace qui m’était clos.

Mais ma première perception avait ceci de bon, qu’elle me fournissait une indication me faisant savoir la chose suivante.

Mon application au sujet du bien et du mal reste constamment méliorative, elle est  sans fin, ne parvenant jamais à la résolution définitive qui aurait été, pensais-je, d’être plus parfait dans mon jugement que la Mâat.  L’Égypte et sa conception m’ont détrompé à ce sujet.

Voulant faire ici une lecture très personnelle du concept de la Mâat pour illustrer mon propos, l’honnêteté veut que je dise deux mots de cette divinité particulière que Pharaon offrait aux dieux.

Plus que la justice et la vérité, représentant l’éthique, la Mâat est la personnification de l’ordre du monde au niveau social et de la marche réglée du cosmos. Elle est par essence l’équilibre, mais aussi la stabilité immuable. Elle représente le : « toujours plus du même ».

Le cœur du défunt sur l’un des plateaux se justifiera de son état d’équilibre face à la Mâat à tous les niveaux. Même si l’image que l’on se fait de l’homme en Egypte tend,  au fil de l’histoire, à le responsabilisé le fait même qu’il aie une tombe et qu’il passe au tribunal montre que ses concitoyens l’on reconnu comme inséré dans la société et dans l’univers.

Si le cœur s’équilibre avec la plume de Mâat alors notre homme devient « juste de voix ». Il entre dans le bel Amenti, paradis de l’époque.

L’amusant et le profond tout à la fois, c’est que dans la pensée égyptienne, le cas qui pour moi paraissait improbable, cas où le cœur aurait été plus léger que la justice était prévu.

Et bien ! Il condamnerait le patient à être avaler par la dévoreuse, espèce de monstre exécuteur des hautes œuvres. Bizarre non ?

Pas tant que cela en somme, pour les égyptiens ce cas de figure aurait signifié que le personnage en question ne se serait pas vraiment engagé dans la réalité de la vie sur terre. Un gars qui ne se serait pas mouillé quoi !

Un personnage qui n’aurait pas pris le risque de jouer son rôle concrètement et partant ne mériterait pas la félicitée d’être introduit dans l’univers divin.

Il est intéressant de constater que la Mâat, cette garante de l’ordre immuable tant social que cosmique, face à la désorganisation grandissante du système pharaonique va devenir une divinité représentant de moins en moins la cohésion sociale et hiérarchique. 

De plus en plus elle deviendra une divinité personnelle vivant devinez, où ? Dans le cœur des hommes, voilà qui rappelle un autre personnage divin non !

Le justifier, le jugement, le paradis le bien le mal, la parenté avec une autre religion que nous connaissons bien n’est pas un leurre !

Religion d’ailleurs qui suivra le même genre de chemin. Et où l’on voit le Dieu devenir de plus en plus personnel allant jusqu’a s’incarner. Belle idée qui fera dire à saint Irénée que : « Dieu c’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ». Eh ! Oui, plus le temps passe plus les dieux s’approchent.

La distinction entre ses deux approches consiste en ceci que lors de la pesée des âmes dans l’Egypte ancienne, il s’agit pour être justifier, d’équilibrer les plateaux de la balance ceci afin montrer son inscription dans un monde immuable. 

Dans le christianisme par contre, la dette est si lourde qu’il faut être gracié par une intervention divine afin être justifier. Le chrétien, selon l’expression de Saint Paul, s’ il est : « dans le monde n’est pas du monde » ici le jugement représente le déséquilibre. Il est rupture faisant passer d’un camp à l’autre, il n’est pas équilibrage entre le monde d’en haut et celui d’en bas.

Cette idée de rechercher l’équilibre avec une justice, elle-même garante de l’équilibre, vouloir être juste, ni trop ni trop peu, après avoir connu les amplitudes du balancement voilà qui me parle profondément.

Pourtant si mes jugements sont parfois recherche d’équilibre d’autres fois ils sont aussi facteur de déséquilibre. Ils doivent avoir le courage d’affirmer. Ma pensée si elle veut se finaliser par un jugement doit le faire au risque des l’affects et des émotions, cet aspect aussi me parle. Là encore c’est dans le brouhaha la tension que j’essaye de saisir le murmure de la raison

Bien sûr, pour l’écouter, je laisse de côté, privilège de ma situation, la tendance ; ordre immuable de la société, du monde et du cosmos de la même manière que  je peux faire l’impasse sur la vision d’un monde perdu, pêcheur et irrécupérable. D’autre part, je suis d’une certaine manière indulgent avec ces perceptions peut être parce que   je me rappelle avoir cité J.F. Khan qui disait : « Tout change parce que rien ne change ». Alors…

Alors, j’en resterai là avec des exemples qui iraient dans le sens de démontrer que nous avons bel et bien à juger constamment parce que l’organisation de tout ce qui est nous ramène à la dualité.

Sans pour autant parvenir à une réponse définitive, en cela justement la question m’intéresse, je pourrais dire à ce stade que pour moi la complexité n’est en fait que de la dualité multiple.

Hormis les interdits fondamentaux qui s’ils le sont vraiment, sont aussi universels qu’intemporels, il n’existe aucun absolu dans cette question du bien et du mal qui pourtant nous occupe journellement. Tous en effet sont d’accords pour dire qu’il ne faut pas tuer ses frères humains encore faut-il juger de qui sont les frères et qui sont les humains.

Tous nous serons d’accord pour dire que c’est bien de ne pas faire le mal mais en sera t-il de même si j’avance l’idée que c’est mal de ne pas faire le bien ?

On le voit bien malgré tout j’en reviens toujours à me demander qu’est ce que le mal, qu’est ce que le bien et comment en juger ?

La diversité des morales actuelles se côtoyant dans nos cités, incite plus que jamais le questionnement éthique.L’affaire d’ailleurs est vielle comme le monde et la diversité prenez un invariant général regarder le localement et le tour est jouer.

 

« Des événements aussi simples que le lever et le coucher du soleil sont à la source de nombreux mythes car ils sont partagés par toute l'humanité. En revanche, les particularités de la faune, de la flore -- qui résulte elle-même de la situation géographique, de la géologie -- et le degré d'isolation dans lequel se trouve une population, conduit cette dernière à établir des croyances spécifiques »

(http://www.ai.univ-paris8.fr/~renaud/publications/hthese/node17.html) Voilà pourquoi nous sommes obliger de choisir et forcer pour ce faire de juger. Nous devons nous interroger sans cesse sur ce qui fonde nos choix si nous voulons les étayer un tant soi peu et ne pas en être les premières victimes. Choisir, forcer, devoir autant de verbes qui indique à mon sens l’inéluctable obligation dans laquelle nous sommes.

 A ce jour, quel désastre, aucun moyen scientifique ne nous est proposé pour régler définitivement une question éthique. La rationalité doit s’incliner pour une fois devant la raison, j’en frémis ! Ce d’autant plus que la raison qui m’intéresse ici  laisse, on l’ aura compris, une petit place à sa déraison.

Nous voilà à notre époque, forcé de reconnaître que la seule chose objectivable en matière de bien et de mal est notre subjectivité.

Réfléchir un problème technique, résoudre une équation, tout ce qui de près ou de loin relève de l’ordre du comptable et mesurable est sur valoriser par notre société marchande. Normal au sein d’une société pour laquelle l’argent remplace petit à petit en la matérialisant la relation mais cette survalorisation du technique face à l’humain nous laisse bien démunis pour ce qui est de juger de nos actions.

Disant cela je ne regrette pas un passé idéalisé, je cherche juste au présent l’équilibre.

Encore si je ne suis ce cheminement que dans la liberté intimiste que j’ai à jouir de moi même les choses se passent bien. Elles sont autrement plus périlleuses et passionnantes aussitôt que je désire exercer ma liberté d’expression. Bien sur Torquemada et l’inquisition sont loin mais l’expérience me démontre cependant combien il est difficile d’aborder ces questions, aussitôt que le label « scientifique » ne peut pas être apposé sur une réflexion.

Pour les contemporains de nos société, dans leur majorité, le langage symbolique, et allégorique sent le souffre.

La peur des dérives mystico sucidaires,  apanage des  sectes  briseuses de famille  se profile à l’horizon, aussitôt que vous vous hasardez à parler de mythes comme étant porteur d’enseignement et méritant d’être intériorisé par une forme  de pensée plus méditative que calculatrice pour ne pas dire comptable.

 

 

Dieu parle

Qu’il existe ou pas, Dieu parle ! Dieu me parle, rassurez–vous je n’entends pas des voix !  Il me parle comme à chacun ou plutôt  en chacun, même si c’est du fin fond de l’univers, de ce qui est présent dans  le fond de l’humain, dans mon fond. Le message est simple : « Qui es-tu » ?  « Que fais-tu » ?

Plus une recommandation qui a directement à voir avec notre sujet :

 

« Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, vous aussi faites le de même pour eux, car c’est la loi et les prophètes ».

(La Bible, Mt. 7.12)

Cette recommandation d’ailleurs pose question et me force à me positionner à juger. N’aurait- il pas mieux valu déclarer : « ce que tu ne veux pas que l’ont  te fasse ne le fait pas aux autres ? »

En effet si je souhaite, que pour mon bien, on me fasse du mal la recommandation divine agrémentée d’une once de fanatisme et me voilà tout légitimer à  justifié les pires tortures.

Si je me contente par contre de ne pas prendre d’initiative et de ne pas faire aux autres ce que je ne voudrais pas que l’on me fasse le risque n’est il pas moindre ?

Ceci juste pour démonter que l’on ne peux pas faire l’économie, si louable que soit l’intention de juger par soi même, autrement qu’a partir des affects et des croyances.

Même le bon sens, dont on nous rabâche si souvent les oreilles, comme étant le guide infaillible devant nos indiquer, par une sorte d’instinct, comment gérer les relations entre les hommes ne m’est que de peu de secours en la matière.

La seule chose que m’indique l’instinct c’est que je dois impérativement et continuellement juger entre deux : positions, options ou actions tout au long de l’anodin  quotidien de mon existence.

Est-ce là la voix de Dieu, ou le fond de l’héritage de l’humanité qui s’exprime quand je dis cela ? En tout cas « ça » parle à mon fond, au fondement de mon humanité. En définitive, ce que j’appelle, ou celui que j’appelle  Dieu  réside, avec mes pulsions,  dans mon inconscient, c’est de là que « ça » se manifeste en posant des questions sans fins, tout en respectant, la liberté, de mes réponses.

Le dieu dont je parle et que je reconnais en moi apparaît bien comme une force brute, une énergie première, jointure ou différenciation de la matière et de l’esprit mais en tout les cas force première, archaïque pulsionnelle. Un dieu qui s’est fait chair un dieu incarné qui pense et ressent à partir de la matière. Mais c’est aussi de là, en moi, un dieu qui différencie la matière et l’esprit pour mieux  les confondre, là est son domaine là est son pouvoir.

Ce dieu qui est il ? Est-ce « le Dieu » ou le daïmon de ce bon vieux  Socrate ? Est-ce lui qui à la capacité de distinguer, tout en  gardant relié, le monde des idées célestes si précieuse à Platon au monde terrestre du devenir, champ préféré du docte Aristote.

La où réside cet  inconnu, au royaume du « ça » dans le domaine divin, noble et ignoble, bien ou mal sont inexistants.

Cela m’échappe ! Et comme dans cet inconnu de mes profondeurs réside, avec la capacité de me surprendre, ma liberté il y a une partie de cette profondeur, qui malgré une solide appétence pour l’introspection, reste lieu du mystère.

Ce lieu d’ailleurs ne serait il pas l’esprit dont parlaient les pères de l’églises quand on ne c’était pas encore caché derrière  Descartes pour confondre la structure de l’homme avec sa dynamique. Plus précisément quand ont est passé d’une vision corps, âme, esprit  à une vision corps et âme.

L’âme,  la psyché comme le miroir du même nom, pouvait, pour les pères, s’incliner vers le corps ou vers l’esprit choisissant, sa voie, dans la tension entre le charnel et le spirituel.

Cette vision  est issue tout droit du récit  de la création,  vous vous souvenez : la matière, le souffle divin et l’homme devient une âme vivante. Ce n’est déjà plus la parole de Dieu qui crée mais deux singularités mélangées, le souffle et la matière qui se fécondant donne naissance à l’homme.

Bien que cela ne résolve pas l’épineux problème du nombril de nos premiers parents, la force poétique de l’évocation me semble bien  indiquer combien le jugement  me positionnant entre deux termes est au centre de l’humain.

Le bien, le mal, cette distinction, obligée pour les humains que nous sommes, est    venu avec la connaissance, avalée en même temps que le fruit défendu. La différentiation que cette connaissance me force à opérer advient avec l’arrivée de la poussée du désir dans le domaine de la conscience.

La conscience, c’est mon domaine, c’est là que « je » vis. Comme l’inconnu vit dans l’inconscient, au royaume du « ça, »  « je » vis et connais le monde à partir de la conscience.  Le reste, je l’éprouve, je le ressens, j’en suis conscient mais je n’y vis pas. Sans l’espace de la conscience « je » n’est pas conscient de vivre et pour cette forme d’existence il ne vit effectivement  pas. 

C’est donc à partir de l’émergence du désir dans la conscience  alors que j’en  éprouve, en quelque sorte, une connaissance d’abord intuitive, en même temps que je ressens l’énergie qui elle  pousse à l’action que j’ai à me prononcer sur l’adéquation de la poussée.

Je dois juger mais je ne sais selon quels critères opérer pour satisfaire à la fois la pulsion de l’action  et mon besoin de jugement. L’instinct humain  s’il incite à faire ne dit plus comment faire.

Le passage de l’inconscient au conscient, première partie du processus, n’est pas à confondre ici, avec le travail de prise de conscience.

Lequel, opérant entre l’inconscience et la conscience, consiste à mettre ensemble ce qui est épars mais connu de l’esprit pour lui donner des perspectives et une prise en compte nouvelles.

Si ces dynamiques internes : inconscient /conscient, inconscience /conscience ainsi que leur conséquences : production de jugement et actions externes existent  bel et bien, leur non prise en compte comme nécessité absolue d’un développement devant amené l’enfant à la maturité adulte représente une faille grave de notre système éducatif .   

Ne pas préparer des enfants  à cette confrontation avec les impératifs moraux, apparaissant dès l’émergence d’un désir dans la conscience, impératifs constitutif de l’intériorité du sujet, représente sans doute un grand manquement des adultes  face à leur devoir d’éducation.

Enseigner des matières, quelques elles soient,  sans veiller à augmenter parallèlement le sentiment de responsabilité lié à ces connaissance, sans indiquer de plus   aux enfants pourquoi et comment  apprendre à juger à partir de leur raison, fait courir  des risques autant, aux individus qu’a la démocratie.

Cette dernière semble actuellement avoir besoin de personnes qui soient  des citoyens avant d’être des consommateurs, il parait normal, tenant compte de cela, d’apprendre aux enfants à penser avant que de les insister à dépenser.

Le risque existe réellement si l’on ne prépare pas les enfants à produirent par eux mêmes des jugements argumentés  de laisser des enfants confondrent leur besoins fondamentaux avec leurs désirs.

Faire cette distinction relève d’un apprentissage que l’enfant effectue au contact d’adultes distinguant de ces catégories pour eux-mêmes

Ne pas préparer les enfants à l’avenir, c’est cela, les laissés vivrent à partir de leurs croyances les laisser confondre, désir sans limite et besoin, sous la houlette du consumérisme ambiant.

En fait l’époque actuelle pas plus que le temps de ma jeunesse n’aime l’idée de dualité, ni l’idée de juger par soi même.

 Au niveau de la société civile, le jugement en conscience produit par la personne à partir de ses croyances, reconnues comme subjective, et le dialogue qui devrait logiquement en découler et pratiquement inexistant.

L’époque sombre dans un relativisme, passant pour de la tolérance  le tout se cachant derrière les chartes, la qualité et le politiquement correcte.

Sous couverts de liberté et de démocratie on préfère le jugement du tribunal à la confrontation hasardeuse avec sa conscience, le bien c’est ce qui n’est pas interdit par la loi, le mal uniquement ce qu’elle interdit.

Quoi que… Pas forcément ! Le mal serait plutôt uniquement le délit pour lequel on c’est fait prendre.

Avez-vous remarqué, d’ailleurs, combien les gens pensent, comme les enfants, qu’il est anormal qu’eux se fassent attraper alors que d’autres passent entre les gouttes ?

La faute, la responsabilité de la faute, pour être précis, n’incombe plus au contrevenant mais au surveillant  qui l’a pris sur le fait. Bien des adolescents m’ont rétorqué que s’il y avait de problèmes ce n’était pas parce qu’ils avaient enfreint une règle mais parce que je les avais surpris. Pourquoi diable n’avais-je pas regardé ailleurs à ce moment là ?

Le sentiment de culpabilité moteur d’un questionnement interne, comme précisé plus haut, et remplacé par le fait légal d’être reconnu coupable ou pas.

On pourrait croire que la vision judiciaire, vérité / mensonge, coupable / innocent coïncide exactement avec les notions de bien et de mal. Quel leurre ! Dans ma pratique je vois quantité d’adolescents malades non pas d’avoir un sentiment de culpabilité, mais malade de ne pas savoir qu’en faire faute d’avoir pu l’apprendre d’adultes aux prises avec le même vécu.

Il faut dire que le sentiment de culpabilité, d’autant plus s’il attriste un tant soi peu le sujet,  est considéré comme un signe sévère de disfonctionnement méritant séance tenante un visite chez le psy. de service.

Mais la société civile n’est pas la seule à se méfier du jugement et de la dualité la religion chrétienne et bien des formes de spiritualité proposent comme finalité le dépassement  de la dualité et  l’abstention de tout jugement.

Saint Paul, malgré lui, dans l’épître aux romains, en développant la doctrine de la grâce à amorcer une tendance à l’abstention quand au jugement personnel.

Cette tendance allant crescendo  jusqu’à aujourd’hui, alors même que la société se laïcise de plus en plus, a contribué à laisser la place au jugement judiciaire plutôt qu’au jugement de valeur personnel.

Dans l’idéologie paulienne le bien et le mal sont identifié une fois pour toute. C’est la loi contenue dans pentateuque qui permet de distinguer. Le fait de ne pouvoir observer tous les détails de la loi manifeste que le bien, nul ne peut prétendre le faire puisque il existe le mal auquel nul n’échappe, en tant que descendant du couple originel. 

Le sacrifice du Christ, seul, permet que Dieu  me fasse grâce. Regardant au Christ il ne me jugera pas c’est tout simple.

Les autres non plus d’ailleurs puisque n’étant pas couvert par le sang  du Christ, ils  sont déjà juger et condamné.  Quant à moi si je suis dans le monde (qui est mauvais) je ne suis en tant qu’élu pas du monde.

Le monde je le subis rien de plus et je m’applique au bien en attendant la délivrance. Pas de jugement dans tout cela, de toutes façons, ce n’est plus moi qui vit mais Christ qui vit en moi.

Si je fais, par exemple la charité, ce n’est pas au pauvre que je la fais, mais au Christ reconnu dans le pauvre. De plus désintéressé des affaires du monde  selon l’injonction apostolique j’obéis aux autorités et accepte la sanction du magistrat. Voilà la voie toute tracée à la judiciarisation du moindre problème.

Le principe bien,/ mal posé une fois pour toute,sous les espèce du mal absolu et du bien suprême plus de discussion possible. L’injonction de respecter l’ordre en place, il ne vaut même pas la peine de le changer, le monde rappelons-le est mauvais enlève à la personne la possibilité de juger  par elle-même.

Si je ne suis jugé par rien, Dieu  étant avec moi, je juge participant de la nature divine, Christ vivant en moi de tout, mais sans y toucher, par l’intermédiaire de la divinité en somme. Pour moi, qui suis élu, je suis au-dessus des lois, d’ores et déjà citoyen d’un autre monde.

Si Pilate c’est lavé les mains du sang de ce Jésus devenu Christ, Paul semble bien  s’être lavé les mains du sort du monde.

Plus besoin de juger par moi même de ce qui est déjà jugé par avance et par  Dieu. Ne parlons pas de la dualité elle n’existe plus, elle est dépassée, en route pour la grande fusion de l’indifférencié. J’ai choisi mon camp, ce n’est plus moi qui vis mais Christ qui vit en moi écrivait  Paul qui signait en tant qu’esclave en Jésus Christ.

En approfondissant un peu ma position face à cette affaire malgré tout troublante de la loi, j’en arrive à pensé que la maturité parce qu’elle me autorise, par le truchement  du questionnement éthique à produire des jugement à assumer  me permet aussi de me passé de la loi. C’est mon intériorité et les jugements que je produits qui dictent ma conduite. Je reste bien sur près à assumer la responsabilité de cette position devant la loi.

La libération que St Paul attribuait à la grâce, la maturité peut me la rendre accessible. Le salut, avec son corollaire, ne plus vivre sous la loi, mais sous la grâce offre une libération relevant d’une révélation puisqu’elle passe par la foi  au Christ. Pour ceux qui n’ont pas eu la « chance » de connaître le chemin de Damas cette libération peut être envisagée par le truchement de la raison permettant d’intérioriser la Loi et de  ne plus avoir en conséquence à répondre à…  mais à répondre de…

Pour la compréhension de la suite deux mots sur la Loi et sur les lois ou la loi. Je crois, je souligne je crois parce que c’est de cela qu’il s’agit. Donc je crois dans la Loi commune au genre humain qui à : commander, qui commande, et qui commandera à tous les hommes de marquer des différences entre les âges, les sexes, les propriétés et les dignités. Cette Loi qui dit que l’on ne peut tuer, voler, violer, mentir que sous certaines conditions. Il n’est pas question de savoir ici si les lois qui en ont découlés sont plus ou moins justes mais d’affirmer ma croyance en l’universalité de cette Loi.

Je ne sais encore une fois si cette Loi est Divine ou humaine mais elle parle aussi fort dans notre histoire que la loi de Moïse.

Les lois dans l’histoire n’étant que des formes adaptées à l’époque, aux lieux et aux contextes de la Loi.

De même les interdits, les coutumes, les traditions, les mythes toujours et partout rappel ce fond commun de la Loi qui vise à permettre à l’homme de s’approprier un contenant, de l’intérioriser afin de devenir maître de lui-même.

« Quand les païens, qui n’ont point la loi, font naturellement ce que prescrit la loi, ils sont, eux qui n’ont point la loi, une loi pour eux-mêmes ; ils montrent que l’œuvre de la loi est écrite dans leur cœur, leur conscience en rendant témoignage, et leurs pensées s’accusant et se défendant tour à tour ».

 (Rom, I.14-15)

Est-ce trop solliciter le texte de St. Paul que de chercher à y discerner, interprétation faite bien évidement, une trace de la réalité dont je voudrais faire part ?      

 De même  que pour la vision paulienne la loi a été imposer  à tous et la grâce offerte à chacun je pourrai avancer l’idée que si la loi concerne l’ensemble, la maturité de reconnaître la Loi reste elle une affaire relevant de la personne. Dans les deux cas il y a passage du groupe à l’individu.  

Quand l’opération du jugement devient acceptée à l’interne elle relève de l’éthique personnelle. Il importe pour moi de répondre de moi, de mes actes devant moi et plus de répondre de mes actes au un tribunal devant la justice. Il se peut que le faisant je sois dans l’illégalité mais de cela aussi je répondrai.

L’acceptation que j’ai continuellement à juger  dans la dualité, je parle toujours  ici d’une dualité qui n’est pas disjointe, relève de la maturité qui considère  que la raison a à juger de tout et aussi du bien fondé des actes qu’elle initie.

Ce genre de jugement  répond me concernant à la nécessité dans la quelle je me trouve comme humain de devoir composer avec la réalité et l’illimitation de ma capacité à désirer.

Je n’ai plus besoin d’une loi extérieur pour me dire de ne pas tuer, violer, mentir, je suis capable d’être maître de moi. C’est cela observé  la Loi ; accepter cette liberté obligatoire de juger par moi-même, se contenir non par peur d’être reconnu coupable devant un tribunal extérieur mais parce que l’on est devenu de plus en plus autonome et conscient.

C’est que la liberté, tant revendiquée par les temps qui court, à un prix, celui de la responsabilité.

Si la liberté se résume pour chacun, à faire tout ce qu’ il croit vouloir en se moquant éperdument  du reste alors la guerre, du tout contre tout, risque majeur pour les démocraties pointera le bout de son nez.

Mais le christianisme, du moins cette vision du christianisme, n’est pas la seule à proposer de se placé au dessus de la mêlée.

Les voies offertes par la sagesse, qu’elles nous viennent de la Gnose ou des Indes avec leurs parfums d’exotismes, dans leur large majorité, proposent de dépasser la dualité pour retrouver l’unité. Retrouver l’unité revenir au Un quoi ! Revenir en arrière. Ne pas cherché l’unité, ni la construire en tant qu’éléments différents mais bien la  retrouver. Pour les uns l’Eden perdu et pour les autres le paradis à venir le résultat parait être le même. C’est  toujours ce sacré le présent qui est difficile à vivre

Ah ! ce désir de retour à l’utérus, en voilà un invariant de note espèce, combien nous sommes habille à le masqué derrière des systèmes de plus en plus  complexes et élaborés. L’aspiration à ne de ne faire qu'un avec le monde extérieur, ce sentiment océanique de fusion d’avant la différenciation que la psychanalyse à si bien relevé il est vieux comme l’humanité mais toujours gaillard le bougre.

En fait l’idéal serait de revenir avant la création vous vous souvenez ? Quand Dieu était Un et Tout et que « je » n’étais pas. Ou alors seulement dans le désir de papa parce que pour ce qui est de la maman dans ce cas…

La fusion quoi, l’indifférenciation, l’irresponsabilité cosmique généralisée dans l’amour total. C’est tellement plus « zen ». Mais au fait l’amour de qui ? De quoi ? S’ il n’y a que le grand Un ?

 A quoi sert l’amour s’ il n’aime pas la différence et n’est pas moteur poussant à remplir l’espace vide, lieu de la relation ?

      -     …

-          Pardon ? J’ai rien compris ? Je suis trop terre à terre, je ferais mieux de méditer pour m’extirper de l’illusion ! Accéder  à la paix intérieure, mon agitation va me rendre malade, je risque pour ma santé.

-         

-          Mais pourquoi vous soucie-vous tellement de soigner vos petites individualités vous qui prétendez tellement aspirer au futur radieux qu’est le retour aux origines qui va tout dissipé. Pour des personnes qui méprisent tellement l’individu et le moi trompeur, vous semblez bien préoccupé de vos petites personnes.

-         

-          Bien sûr que c’est un jugement de valeur et je suis prêt à en discuter.

-         

-          Vous n’avez pas le temps, chacun pense ce qu’il veut. Je ne pourrais pas comprendre ? Respectez votre philosophie, être tolérant, un maître, le silence la voie intérieur.  Vous avez appris à mépriser. Ah  non ! Pas à méprisez, à dépassez, excusez moi, j’avais mal compris. Donc dépasser la notion de bien et de mal vous avez dissous l’illusion de la dualité pour accéder à une claire vision de la globalité et de la complexité. Moi pas, moi je barbote encore péniblement dans la dualité et les jugements, ma vue est simpliste mais bigrement complexe aussi. Et puis la dualité et le jugement, je pense que c’est ce qui me singularise comme homme. En plus je pense que le refus de la dualité c’est le début du fanatisme.

-          ….

-          Pourquoi adieu, moi je vous dis au revoir !

Si échapper à la dualité c’est comme le décrit Michel Hulin accéder à une :

« béatitude supramondaine inhérente à un état originel d’innocence en deçà du bien et du mal »

( M. Hulin, la mystique sauvage, PUF, 1993, p.260)

Alors je suis content de ne pas y échapper. Mais oui je provoque un peu, si peu, il est sans doute très bien cet auteur et certainement beaucoup plus avant que moi sur le chemin de la sagesse.

Que l’on me comprenne bien que certain d’entre nous, après un cheminent intérieur, arrivent à une conception x ou y du monde ne me dérange pas, c’est en soi respectable et même louable.

Que ceux qui vivent véritablement  un cheminement personnel, tel, qu’il est pratiquement incommunicable,  ne se sentent pas offusqué par mes propos mais qu’ils considèrent qu’ils sont l’exception.

Pour la majorité dont je fais partie, pour ceux qui n’ont reçu ni révélation, ni illumination, pour ceux qui ne sont pas engagés sérieusement sur un quelconque chemin de libération, bref pour le commun des mortels la vulgarisation spirituelle n’est qu’un paravent.

La majorité des humains qui n’a connu ni la fulgurance de l’intuition, ni la percée libératrice ne peut considérer les sages ou les saints que comme les témoins d’un autre niveau de compréhension du réel mais doit se garder de les prendre trop vite comme exemple et surtout ne pas s’en servir comme justification de sa propre paresse à penser.

L’égalité en ces matières c’est de ternir compte de la différence chacun sa croyance certes, il n’empêche que  ce qui me chicane c’est quand cette conception ; au nom du non jugement et du dépassement de la dualité n’est plus remise en doute.

Cependant tous n’ont pas l’expérience de Nietzsche pour penser  aller si simplement au-delà du bien et du mal. C’est croire un peu vite que le gai savoir n’est pas le fruit de tout un parcours intérieur et qu’il suffit de s’en réclamer pour se l’approprier. Restons gai d’accord mais  modeste !

 Alors le non jugement devient de fait un jugement définitif, refusant de s’appliquer ne serait ce que de temps en tant à sa croyance. La philosophie, l’éthique et la spiritualité ont ceci en commun qu’elles forcent leurs adeptes à refaire tout le parcours. En cela elles se différencient des disciplines techniques qui, si elles demandent la compréhension, n’en appellent pas à l’éprouvé intérieur, passé au crible de la raison. Je peux m’appuyer plus sûrement sur la démonstration mathématique d’un tel que sur ses jugements de valeurs ou sur sa position philosophique ou ses croyances.

Modestement je prétends qu’il vaut mieux : « savoir que je crois que croire que je sais » si cette position à une quelconque valeur alors c’est au jugement, obliger par la dualité existentielle, que je la dois.

Je préfère de loin courir le risque du jugement de valeur  bâtit sur le dialogue intérieur ou extérieur et changeant au cas par cas à l’assurance arrogante que fournit le certitude de la foi, en soi ou en une quelconque doctrine.

Même si cette doctrine apporte la paix, à partir du moment ou elle place le sujet dans une position lui permettant de faire l’économie des jugements, marque de sa participation à la tension duelle le danger est réel.

Le jugement, c’est d’une certaine manière la clinique issue et appliquée à la dualité. Là réside la recherche de l’unité à partir des différences en lieu et place de l’uniformisation inhérente au semblable qui se reproduit.

 

 

Conclusion provisoire

En fait il parait impossible de ne pas juger. Juger, porter des jugements de valeurs, je ne parle pas ici de décider comme dans un tribunal du juste ou du faux, représente pour l’humain un acte fondamental marquant à la fois la différence et la recherche d’unité.

Cet acte du jugement personnel, opérer en conscience, marque pour l’humain son degré de participation à l’interdépendance nécessaire au système social  pour qu’il en soit un.

Le même acte produit sans conscience, comme simple reflet d’une idéologie dominante dans le système ne fait que démontrer l’emprise du système sur l’individu. La communauté peut ainsi vivre dans l’individu, alors même qu’il pense vivre sa vie individuelle.

Dans ce cas c’est le système qui se sert de lui pour vivre et pas lui qui participe à rendre le système vivant.

L’originalité, revendiquée par le sujet, dépendant de l’appartenance à un groupe donné préserve ainsi de la solitude inhérente à un positionnement plus personnel, c’est d’ailleurs la diversités et la multiplications de ces groupes qui,  nous faisant passé de la lutte des classe à la guerre des clans, pose un défi majeur à nos sociétés.

Certains auteurs, comme le néo darwiniens Richard Dawkins, pensent qu’il existe  des objets mentaux, qui tels des créatures biologiques luttent pour leur survie.

Ces memes, c’est ainsi qu’ils se nomment,  comme les gènes, se servent de l’individu qui les abritent afin de se disséminer, cette dissémination ne relevant, là est la différence  avec les gènes, non  du biologique mais du communicationnel.

Les gènes et les memes ont la particularité selon l’auteur d’être égoïste et immortel utilisant sans gènes, c’est le cas de la dire le vivants et particulièrement les humains, dans le cas des seconds, à des fins de réplication et de dissémination.

On voit combien il est facile, si de tels phénomènes sont réellement  à l’œuvre, de croire que l’on vit alors qu’ont est vécu et de croire que l’on pense par soit même alors que le système se sert de nous, à coup d’idées toutes faites, pour nous penser. 

 

« Les memes flottaient dans une autre sorte de mer : une mer de cerveaux humains.Les memes sont des idées, des fragments de néant qui vont d’esprit en esprit. Une mélodie monte dans les rêveries d’un compositeur solitaire. Elle s’empare du cerveau du chanteur. Puis elle infecte la conscience  de millions  de personnes. Cette mélodie c’est le meme. »

( H.Bloom,Le principe de Lucifer, Le jardin du livre,Référence,Paris 2001,p.144)

Attendez d’une certaine manière il dit que : « l’esprit et la matière sont aussi irrémédiablement séparés qu’ils sont irrémédiablement liés, » moi qui pensait que les scientifiques était des gens sérieux ! Quelle mouche les a donc piqué. Le pire c’est que cela  à l’air imaginable. Les pensées  comme les gènes se serviraient de nous ? Méfiance donc… 

La paranoïa ne me guette pas, du moins pas à ma connaissance, il m’a cependant paru intéressant de souligner, par ce qui précède, combien sans y prendre garde je me confonds avec le groupe, peut être parce que la lutte pour la vie n’est pas que l’affaire de solitaires mais aussi celle des groupes.

Je ne sais si je fais partie d’un super organisme social, quoiqu’il en soit et comme la cellule vis à vis de mon organisme, je revendique, par le biais de mes jugements une certaine vie qui m’est propre.

Au travers du jugement, je me situe, je me positionne pour entrer dans le débat. N’est ce pas par le débat que la parole reste vivante et n’est pas une lettre morte ?

Saint Paul que j’ai un peu synthétisé, pour forcer le trait qu’il me le pardonne, n’écrivait il pas : « la lettre tue mais l’esprit vivifie ? » 

Il ne faut pas avoir peur de la dualité elle permet la relation.De même il ne faut pas craindre les   jugements qu’elle oblige à condition que les jugements aussi soit objet du jugement.

Tout cela est bien joli me diriez-vous mais où diable et comment apprendre cette chose si naturelle pour vous qu’est le jugement !

Je répondrais avec des hommes,  de la même manière que la clinique s’apprend avec des cliniciens le jugement tel que je l’entends s’apprend avec des hommes qui le pratiquent.

Et puis réfléchir aux questions dites  sans réponses, faire des hypothèses qui demandent que je construise le cadre pour les penser, en voilà un excellent exercice pour apprendre   le jugement.

En effet  penser ses idées, ses intuitions, ses rêves, avancer des interprétations avec toute la rigueur et l'intuition dont je suis capable, sans référence immédiatement possible aux réponses ; justes / fausses de la science, nous approche de la condition dans laquelle nous sommes plongé quand nous jugeons dans  et de notre réalité quotidienne.

La dualité, cette pierre angulaire de la diversité, représente le rempart contre l’unique. L’univers, cette respiration divine n’est pas un tout mais un ensemble. Le « Un » s’ il existe nous entoure, nous en somme le poumon, son système respiratoire en quelque sorte et c’est le système et les échanges qu’il engendre qu il faut préservé.

Le phénomène de la vie nous indique  à quel point la diversité et l’interdépendance  sont des nécessités, d’ailleurs ne sommes nous pas menacé à ce niveau là par la disparition d’espèces ?

N’est ce pas la bio diversité justement qui est en péril. On pourrait me dire que je fais un peu vite des amalgames ce à quoi je rétorquerais que tout se tient et que c’est cela la globalité.

Tous ce tient par des relations permettant la communication mais tous n’est pas « Un ».

Dans notre réalité, au sein de laquelle le bien suprême et le mal absolu n’existent pas en dehors de nos valeurs  il  y a des maux  et des biens qui dépendent de la place, des croyances, des émotions, des connaissances de l’observateur, sans oublier bien sur le degré de son indépendance vis-à-vis du système.

Cette constatation peut faire peur et sembler ouvrir la porte au relativisme. Ce danger est réel si justement on n’oriente pas plus l’éducation sur l’émergence de la personne adulte mature capable de juger par elle-même tout en étant en interdépendance avec les autres.

C’est pourquoi tant que l’échelle de nos valeurs ne prendra pas comme base les besoins de la personne, j’insiste ses besoins pas ses désirs, alors mon sentiment d’appartenance me poussera à laissé commettre des abominations légale.

Nous sommes violents certes et il est inutile de nous  rejeté la responsabilité cette violence fondamentale les uns sur les autres. La violence et en chacun de nous et si nous sommes violents nous sommes aussi pacifistes, égoïste mais aussi généreux  peureux mais aussi courageux.

 

D’accord mais si le bien des uns représente le mal des autres comment en sortir ? Les horreurs de la seconde guerre mondiale et de quelques autres passées, présentes et avenir sont, si ce n’est excusable, du moins compréhensible au regard de notre nature.

Si deux et deux font quatre partout et en tout temps et en tout lieux il n’en est pas de même du bien et du mal. Ce qui reste comparable avec la même sûreté que deux et deux font quatre c’est la nécessité tout aussi  impérieuse que naturelle d’en juger constamment  

C’est bien par le fait de cette dualité internalisée constitutive de mon être qu’ existe ma conscience et c’est bien parce qu’existe cette conscience individuelle que des humain souvent seul on juger qu’il devait, naturellement ,  se dresser contre l’horreur ou l’injustice. Si j’ai honte de ce que l’humain peut faire subir à l’humain grâce à certains humains, je ne désespère pas complètement de nous.

Il semble bien que  suite au  regrettable épisode de maraudage, conter en début de travail,  le bien et le mal soient  devenu en tout cas pour le temps de la vie notre affaire et relève de fait de notre responsabilité pleine et entière.

Aussi  finement que  soit fragmentées les parcelles du bien et du mal dans les dilemmes anodins de la vie journalière, elles n’en restent pas moins porteuse de la tension primitive ayant trait à la dualité du bien et du mal, exactement  comme un miroir brisé dont  les plus petites parties reflète l’entier de l’image.

Je ne sais pas si la pensée est unique mais en tout cas la réalité qui nous pousse à juger l’est, car  enfin, même si je ne parle pas de mes jugements entre le bien et le mal je les produits.

Ca dialogue en moi, deux points de vue, au moins,  s’affrontent frictionnant des valeurs différentes  sur un nombre incalculable de questions.

Accepter la dualité ne pas essayer de  la dépasser mais plutôt l'assumer, produire des jugements qui  me situe entre le bien et le mal autant qu’entre le bien ou le mal. Questionner ces jugements se servir de la raison pour contrebalancer l'émotionnel voilà la voie qui me semble conduire à la maturité. N’est-ce pas dans la tension que l’homme se tient debout ?

La création a eu pour effet de terminer le règne de l’être en soi, pour instaurer l’ère de la relation, la conséquence première en est que je ne demande pas uniquement lors d’une rencontre : « qui es-il ?» mais aussi « que veut-il ? »

La volonté que j’attribue aux autres et à moi-même, cette intentionnalité en vue d’une fin ou d’un but, procède de la conscience, lieu où elle est  passé de l’état de pulsion à   l’état justement de volonté.

Et bien, cette conscience occupée à rendre acceptable ou au moins  présentable la pulsion c’est la conscience en action produisant un jugement de valeur.

Que je considère quelque chose qui entre en moi ou qui en sort, c’est a dire qui s’échange entre le dedans et le dehors comme issue d’une pulsion poussant à l’action, comme je viens de le dire ; ou que j’observe entre d’autre humains, des humains et leur environnement, même entre d’autres espèces, des situations qui ne dépendent pas de mes pulsions à agir,  je ne peux m’empêcher de constater combien cette volonté de jugement m’anime.

Comme s’il y avait en tant que telle une pulsion spécifique me poussant à juger  à me situer à c’est adire à me rendre identifiable pour la relation.

Le jugement me situe, il fait écho à l’interrogation que Dieu pose à Adam :

« Où es-tu ? »

Il dit : « J’ai entendu ta voix dans le jardin et j’ai frémi ; oui, moi-même je suis nu et je me suis caché. »

(A.Chouraqui, La bible traduite et commentée, Entête, Jean Claude Lattès 1992, Entête : 3,9-10)

Adam ne va pas dire simplement je suis là. Il va dire où il est intérieurement, dans l’endroit de sa conscience d’homme démuni, aux prises avec la responsabilité, liée à la connaissance, qui l’écartèle  entre le bien et le mal.

Il mérite notre compassion même s’ il essaye, juste après, de se défausser de la responsabilité sur sa comparse.

Quelques récits mythologiques plus tard le Christ, lui aussi, sera écartelé sur la croix image tragique de notre propre mise en tension mais seule représentation capable de nous garder les bras ouverts.

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Aucun langage n’est inné, ce qui l’est c’est une prédisposition à l’acquérir .Pourquoi n’en serait il pas de même en de qui concerne le jugement. Si on apprend à bien ou mal  parler sa lange au contact des autres de qui apprendra-t-on à bien ou mal juger ? 

Nous ne sommes pas des anges, les passions nous anime  raison de plus pour développer  note prédisposition au jugement et en faire la boussole personnelle et sociale de nos valeurs.

  

Même le jugement de justice, que je voulais ignorer est entré dans mon travail c’est normal, puisqu’il repose aussi sur mes jugements de valeurs.

Toute la législation du monde ne remplaçant pas, même au tribunal l’intime conviction. Intime conviction  qui à soit dit en passant et peut être faute d’être raisonnée à fait perdre, au propre comme au figuré la tête à plus d’un.

Je ne souhaite bien sur pas au lecteur que pareille aventure lui arrive à la lecture de ce travail.

La vie cependant est trop précieuse et trop intéressante pour être enfermée dans le ronron et la monotonie c’est pourquoi, si mon écrit interroge, j’en serais heureux pour vous et pour moi. 

Est-il permis de donner de ces récits l’interprétation que je leur ai donné et à partir de là d’en construire le  sens comme je le fais ?  Je ne le sais pas, j’espère juste  avoir été assez sérieux dans mon travail pour n’avoir pas besoin, arrivé à ce stade, de me prendre au sérieux.

Plus personnellement à la fin de ce travail, en plus de quelques perspectives nouvelles contenant mon sujet, j’ai surtout la sensation de comprendre un peu mieux la phrase de Goethe que Freud citait volontiers : « Ce que tu as hérité de tes aïeux acquiers-le pour le faire tien. » 

Mais il n’est si bonne compagnie qu’il ne faille quitté, je laisse donc ici et pour le moment tout ses braves gens et vous signale que de toutes les façons, comme indiqué au début du texte, j’assume la responsabilité de cet écrit et vous invite expressément, lecteurs pertinents  à le juger ou a en juger. De cela aussi vous êtes bien évidement seul juge.

Eric Stern,  Ependes7 mars 2004

 

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