ELP est à la fois un outil, un média, une technique d'entretien, une démarche, une attitude professionnelle, une philosophie et un projet. Depuis sa création, ELP est en mouvement. Durant deux années, un dispositif original d'évaluation alliant formation-action et recherche-action, a permis à une cinquantaine de professionnels de se réunir pour interroger leur pratique de l'entretien, pour réfléchir et analyser différents points que ne manque pas de soulever l'inscription de ELP dans une pratique professionnelle individuelle et institutionnelle. Plaçant les praticiens au coeur de cette évaluation nationale, ELP s'est ainsi enrichi de "savoirs revisités" et de "savoirs nouveaux", mobilisables par chacun. Un réseau national de praticiens de ELP permet, à ceux qui le désirent, de s'inscrire dans une dynamique de réflexion, d'analyse et d'échanges autour de cette pratique. Ce réseau permet d'être en lien avec des collègues d'horizons professionnels différents qui partagent une même pratique, il permet d'aider les collègues débutant dans leur cheminement avec ELP.

La démarche ELP comprend, outre la mallette servant à l’entretien même, un référentiel de formation (sur site ou en inscription individuelle), un référentiel permettant également l'animation de journée d'information et de présentation de l'outil, de sa technique d'entretien et de sa conception des notions d'aide et d'accompagnement. Le projet ELP correspond aussi à un dispositif d’évaluation de la démarche d’entretien proposée, tant sur les registres formels que sur les registres des pratiques professionnelles concernant notamment les questions relatives à la technique d’entretien, à la connaissance du public et à la place de cette pratique dans le fonctionnement institutionnel et pédagogique des services qui l’utilisent.

Plus largement, le projet ELP propose également une réflexion sur la problématique des outils dans la prise en charge des spécificités des publics (quel que soit leur dispositif d'appartenance) autour de la question récurrente de la place des supports pédagogiques dans l’accompagnement social et professionnel que nous avons à réaliser quotidiennement. Il s’agit aussi de dire stop au développement de certaines pratiques qui considèrent l’action éducative ou socioprofessionnelle comme la résultante d'une simple relation d’un professionnel à un objet et non à un sujet. Comment prenons-nous en compte le sujet dans sa globalité dans les suivis des différents dispositifs sur lesquels nous sommes positionnés ?

Pour ses auteurs, le projet ELP a été une aventure humaine où il a été question, à un moment donné, d’élaborer ensemble, dans un collectif de travail, un "quelque chose" qui vienne signifier un certain nombre de positions et de principes auxquels se référer, de se reconnaître en tant que professionnel de l’action socio-éducative.

ELP est né des travaux de deux groupes avec, au départ de la démarche, des préoccupations différentes.

Un groupe d'éducateurs en formation se questionne sur la manière dont ils auront à gérer les futurs entretiens sur leurs lieux de travail. Nous sommes en 1990/92. Ne trouvant pas de support, progressivement ces stagiaires s'inscrivent dans une formation-action dont le but est d'élaborer un support pour assurer l’entretien d’accueil (entretien mené lors de la première rencontre).

Dans la pratique courante, cet entretien est considéré comme étant trop directif. S’il permet de recueillir un maximum d’informations, il donne une image partielle de la situation d’un jeune et ne permet pas d’appréhender réellement la problématique de celui-ci. De plus, cet entretien suscite rarement une implication du jeune et ne fait émerger aucune dynamique constructive.

Ces éducateurs stagiaires constatent que l’émergence d’un projet professionnel est trop souvent empêchée par les difficultés personnelles ou familiales vécues par le jeune. Celui-ci met alors en échec toute tentative d'insertion sociale. Ils émettent alors l’idée d’élaborer une technique d’entretien utilisable par toute structure accueillant des jeunes en difficulté. Cet outil aurait pour but d’inciter l’adolescent à réfléchir sur sa situation dans sa globalité, pour élaborer ensuite un projet avec l’aide de l’équipe éducative.

Parallèlement, un groupe de professionnel titulaires s’intéressent aux notions de bilan et d’évaluation. En effet, les jeunes font l’objet de multiples bilans (scolaire, professionnel, psychologique, de santé, ...). Ils donnent aux professionnels un "état des lieux" et sont utilisés comme base de leur travail avec le jeune. Cependant, le jeune met souvent en échec ce qui est projeté pour lui et non par lui. Dès lors, comment parvenir à une évaluation formatrice qui amènerait le jeune à s’approprier son bilan et à devenir acteur de son projet professionnel ? Emerge alors le besoin de trouver ou construire un outil référentiel qui faciliterait l’auto évaluation des jeunes et qui prendrait en compte leurs spécificités.

La synthèse des travaux de ces deux groupes de travail met en exergue des observations, des préoccupations et des analyses communes. Les principales peuvent être résumées comme suit :

- Avec ce type de jeunes en grande difficulté, il est illusoire de traiter séparément les problèmes scolaires, professionnels, personnels ou d’hygiène de vie. En effet, les travailleurs sociaux constatent qu’avant de pouvoir envisager une orientation scolaire ou professionnelle, il est souvent nécessaire de traiter en amont ou parallèlement d’autres difficultés liées à une problématique personnelle ou familiale. En ce sens, l’élaboration d’un projet avec un jeune, en matière d'insertion sociale, ne peut se concevoir qu’en terme de « projet de vie », conception moins restrictive que celle de projet professionnel.

- Quelles garanties peut-on se donner pour éviter de plaquer notre propre conception ou analyse de la situation d’un jeune et d’être amené à imaginer des solutions à sa place ?

- Comment susciter l’implication d’un jeune ?

- Quels moyens peut-on mettre en place pour permettre à un jeune en difficulté « d’être en projet de ...» .

Durant près de deux années (2001-2002), une cinquantaine de professionnels s'est réuni pour évaluer les pratiques de ELP. Sans être un outil d'insertion professionnelle, ELP peut y contribuer en accompagnant une personne à résoudre les obstacles qui obstruent ou qui la freinent pour atteindre cet objectif. Aujourd'hui, l'outil a gagné d'autres domaines d'interventions que ceux de l'éducation, il est utilisé dans divers dispositifs d'insertion (TRACE, Classes Relais, accompagnements de public "en panne de projet"…). ELP permet aux professionnels d'inviter une personne à mettre des mots sur les différentes préoccupations qui la rende "indisponible pour…", puis de l'accompagner à trouver et à mettre en oeuvre les solutions adaptées à ses problèmes.

Accompagner quelqu'un dans son cheminement à travers les étapes de la méthodologie de ELP c'est, pour le professionnel, se doter d'un support, d'un média pour construire une relation d'aide dans laquelle l'authenticité des informations recueillies lui permettra de construire les bases de la relation d'aide qui s'engage.

Sans avoir la prétention de brosser l’ensemble des données conceptuelles mobilisées dans ELP, nous souhaitons juste rappeler deux dimensions centrales :

C’est sur deux piliers que repose la démarche de ELP.

L'outil ELP s'adresse à tout individu en rupture de projet de vie, pris en charge dans des institutions diverses, dans des classes-relais ou accueillis dans des organismes tels que les Missions Locales, Centre d’Information et d’Orientation, ... ou bien encore dans des dispositifs qui posent l’entretien d’accompagnement comme principe de base de l’action du professionnel.

L'objectif de l’outil "ELP" est d'amener le sujet à prendre conscience de la manière dont différents événements, choix, opportunités, occasions positives ou négatives peuvent jouer un rôle dans l'élaboration (ou la non-élaboration) de projets personnels. Le but est de l'aider à dépasser ses difficultés, à le rendre acteur de ses projets.

ELP, par une démarche exploratoire, va permettre à la personne de clarifier les domaines où il est en difficulté et (ou) en projet. Proposer cette technique d'entretien permet au sujet en difficulté, de s'exprimer, de réfléchir à sa situation.

Cet entretien semi-directif utilise comme support 129 cartes. Sur chacune d'entre elles figure des mots, qualificatifs, verbes, abordant des thèmes relatifs à de possibles préoccupations : monde du travail, justice, projet de loisirs, connaissance de soi, école, orientation institutionnelle, vie familiale, santé, ... ELP donne des mots pour que puisse émerger d'autres mots, plus personnels et intimement liés à une problématique personnelle.

Les témoignages recueillis auprès des praticiens de ELP depuis sa conception, les donnée issues des rencontres inscrites dans le cadre de l'évaluation de ELP permettent de dégager les commentaires suivants :

Pour tous renseignements contacter :

3 cour du bas château 54 270 Essey-les-Nancy