Les paysannes qui ont la quarantaine aujourd'hui ont pour la plupart débuté
leur parcours d'épouse d'agriculteur comme l'ont fait leur mère ou belle-mère,
c'est-à-dire qu'elles ont abandonné leur emploi, si elles en avaient un (souvent
elles avaient secondé leur mère), et elles se sont consacrées durant les dix à
quinze premières années aux travaux du ménage, à l'éducation des enfants, au
jardin potager, aux coups de mains durant les périodes de récoltes et souvent à
la gestion.
Antoinette est mère de trois filles qui ont 20, 22 et 24 ans. Avec son époux Jean-Pierre, ils exploitent à Prez-vers-Noréaz un domaine de 23 ha en cultures de colza, betteraves sucrières, blé et triticale. Les vaches laitières ont été abandonnées au profit d'un contrat d'élevage de génisses.
Il y a cinq ans, elle a pris un emploi à 50% dans l'EMS St-Martin à Cottens. Elle y travaille comme employée de ménage et à l'entretien du linge. Ce poste d'employée de maison en EMS lui a fait découvrir la proximité des personnes âgées. Chaque jour, tout en vacant à ses occupations de nettoyage, elle a été amenée à aider l'un ou l'autre résident à se déplacer, à les renseigner pour trouver une personne ou un endroit dans le home, à les aider à se lever de leur fauteuil, à faire un brin de causette, à les rassurer et parfois à les consoler.
Elle ne pouvait pas faire son travail en ignorant ces sollicitations souvent empruntes de timidité, voire de gêne. Elle le fait évidemment dans la mesure du possible, sans outrepasser ses fonctions. Cette approche l'a convaincue de faire le nécessaire pour un jour pouvoir leur prodiguer des soins en professionnelle.
Avec deux autres collègues, elle a entrepris en 2003 sa formation de GEF art. 41 (gestionnaire en économie familiale, appelé aujourd'hui gestionnaire en intendance) à Grangeneuve, dans le but de décrocher un CFC pour briguer un poste à responsabilités. Cette formation a débuté par des stages qu'elle a effectués à l'Hôpital cantonal de Fribourg durant un mois pour la buanderie. Ceux pour les soins aux malades et la cuisine, elle a pu les réaliser dans le home de Cottens.
Ces derniers mois ont été les plus ardus du fait des examens et de la préparation de son travail de diplôme intitulé «Quel est le rôle d'une GEF dans un contexte de personnes âgées et malades?»
Antoinette, qui aime le contact, trouve un moyen de ressourcement par le chant avec le choeur de son village et en retrouvant ses collègues paysannes dans le groupe de vulgarisation de Rosé et environs.
Cette formation récente de GEF a trouvé un écho favorable auprès d'un grand nombre de jeunes filles et le marché de l'emploi s'en trouve déjà saturé. Le prochain défi des lauréates sera de tout mettre en oeuvre pour faire valoir leur CFC.
A.-M. Peiry